Présidentielle 2017 : interview de Corinne Lepage, soutien d’Emmanuel Macron
Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement et soutien d’Emmanuel Macron, estime que le programme du candidat d’En marche va dans le bon sens, notamment en matière de transition énergétique. Interview. (L’interview de Philippe Murer, conseiller environnement de Marine Le Pen, est à retrouver ici)
Quel bilan tirez-vous de la politique énergétique du quinquennat écoulé ?
Je constate que des avancées positives et indispensables ont été possibles sous le quinquennat de François Hollande. Je pense naturellement à la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2015, qui va réellement dans le bon sens. Cette loi donne une impulsion et va permettre à notre pays d’allier économie et écologie, et de respecter les engagements de la France dans le cadre de l’accord de Paris après la COP 21. Emmanuel Macron entend se caler sur tous les objectifs de la loi et ainsi poursuivre cette nécessaire transition écologique. Je rappelle également que, dans son programme, le candidat s’est prononcé pour la fermeture des centrales à charbon et pour l’interdiction des permis d’exploitation des hydrocarbures, et propose une « prime à la conversion » de 1000 euros pour inciter les automobilistes à se tourner vers des véhicules moins polluants.
Le sujet phare de la campagne concernant l’énergie est, de loin, celui du nucléaire. L’État doit-il continuer à développer l’EPR de Flamanville ?
La position d’Emmanuel Macron est, pour l’heure, de poursuivre un projet qui doit être bien supervisé par l’Autorité de sûreté nucléaire. En fonction des avancées et des résultats, il se prononcera.
Par ailleurs, il a rappelé l’objectif du seuil de 50% de l’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025, avec la confirmation de la fermeture du site de Fessenheim. À titre personnel, j’estime que le bilan de la politique énergétique de la dernière mandature est entaché du non respect de l’engagement pris sur la centrale. Les couacs sur la fermeture de la plus vieille centrale du pays sont dommageables dans l’opinion. Il aurait fallu que le président Hollande tienne son engagement.
Dans leurs programmes, tous les candidats comptaient développer les énergies renouvelables. Est-ce du marketing ou une réelle volonté politique ?
Je pense que la plupart sont sincères dans leur volonté de développer les énergies nouvelles. Car tous savent que la transition écologique est une priorité pour aujourd’hui qui affecte tous les secteurs de la vie économique et sociale. Le changement de modèle que propose Emmanuel Macron permettra de réduire nos consommations d’énergie, de créer des villes durables, de réutiliser nos déchets, de manger plus de produits sains, de respirer un air de plus grande qualité et de créer de l’emploi chez nous. Cette transformation s’inscrit dans le prolongement des engagements ambitieux pris par la France au niveau international, avec les accords de Paris, et au niveau interne, avec la loi sur la transition énergétique et la loi sur la biodiversité. L’une des priorités de la politique énergétique est de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Et dans un monde aux ressources finies, les énergies renouvelables sont notre avenir. Nous devons accélérer leur développement, source d’activités économiques, d’emplois, et d’amélioration du pouvoir d’achat. Je rappelle que dans le programme, l’objectif est de financer le double de notre capacité en éolien et en solaire d’ici 2022. Pour cela, il faudra en parallèle encourager l’investissement privé et en finir avec les procédures qui s’empilent, en raccourcissant et en simplifiant les procédures de déploiement des énergies renouvelables.