Production pétrolière mondiale : l'OPEP campe sur ses positions
Les douze acteurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont entamé des discussions, vendredi dernier au siège de l’organisation à Vienne, pour décider de leur objectif de production. La décision de maintenir la production de pétrole à 30 millions de barils par jour a été retenue.
Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al Naimi, a annoncé l’accord trouvé par les membres de l’organisation au terme de la réunion, à savoir maintenir le plafond de production à 30 millions de barils par jour.
Malgré la baisse de 32% du prix du brut, en novembre dernier l’OPEP avait déjà décidé de ne pas réduire sa production. Provoquant ainsi une chute des cours, passant de 115 dollars, en juin 2014, à 47 dollars en janvier. Actuellement le baril se vend 63 dollars. Son cours s’est, pour le moment, stabilisé. « Cette réunion est toutefois moins cruciale que celle de novembre. Car les prix sont plus stables et le consensus plus clair : personne ne s’attend à ce que l’OPEP baisse son plafond », a expliqué Alexandre Andlauer, analyste financier chez AlphaValue.
Certains pays du consensus auraient préféré une autre issue à cette réunion : le Venezuela, le Nigeria ou l’Algérie ayant subi le contrecoup de l’effondrement des cours du baril, l’Iran qui attend la levée de l’embargo des Etats-Unis dans le cadre des négociations sur le nucléaire, mais aussi l’Irak qui a connu un pic de production en mai dernier ou encore la Russie qui connaît une production accrue et régulière. Selon les analystes économiques le prix du baril devrait atteindre 75 dollars pour écarter le risque d’une balance commerciale déficitaire dans ces pays.
Pourtant, cette nouvelle politique, amorcée depuis la réunion de novembre dernier, reflète surtout la volonté des riches pays du Golfe que sont l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar. Ils représentent, à eux seuls, plus de la moitié des 31 millions de barils produits actuellement par l’OPEP. Plus soucieux de préserver leurs propres parts de marché que de chercher à limiter la chute des prix, ces pays avaient annoncé depuis déjà quelques semaines leur contentement vis-à-vis de la nouvelle politique de l’OPEP face, notamment, au boom du pétrole de schiste américain.
Les pays de l’OPEP avaient vu comme une victoire les nombreuses fermetures de stations de forage de pétrole de schiste aux Etats-Unis, à cause d’une rentabilité incertaine. Cet indicateur pourrait toutefois être faussé. En effet les nouvelles techniques de forages horizontaux, préférées aux forages verticaux, assureraient un rendement plus important. Depuis 2008 les producteurs de pétrole américains ont porté leurs extractions à plus de 4 Mb/j, créant ainsi une surproduction. La politique de l’OPEP, qui a refusé de réduire sa production malgré la chute du prix du baril, a toutefois eu pour incidence d’éliminer les sites de forages les moins compétitifs et de moins bonne qualité.
Samuel BEDIN
Crédits photo : forage-pétrole