Un rapport relance le débat sur l’avenir du nucléaire en France
Alors que le gouvernement a annoncé un retard dans la révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, un rapport vient élargir le débat sur l’importance de l’énergie atomique en France.
L’ancien ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, et son homologue à l’économie, Bruno Le Maire, ont en effet commandé au printemps dernier un rapport prônant la construction de six réacteurs nucléaires de type EPR dans les années à venir.
L’énergie nucléaire : de l’enjeu industriel…
Selon les informations publiées par nos confrères des Échos, qui ont eu accès à la lettre de mission à l’origine de ce rapport, le travail demandé par le gouvernement vise à évaluer la pertinence de maintenir les capacités industrielles de la filière nucléaire française « en vue de potentielles nouvelles constructions de réacteurs ».
Yannick d’Escatha, ex-administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique, et Laurent Collet-Billon, ex-délégué général à l’armement, plaident ainsi pour le maintien d’un véritable savoir-faire industriel et technologique en matière d’énergie nucléaire par la mise en chantier de nouvelles unités de production électronucléaire.
Les deux auteurs estiment notamment que l’avenir de la troisième filière industrielle française est en jeu.
L’enjeu est donc en premier lieu industriel. Il s’agit en effet de travailler à la pérennisation des compétences tricolores en lançant la construction de réacteurs nucléaires de troisième génération sur le territoire français mais également à l’étranger.
Les auteurs du rapport ont d’ailleurs un calendrier précis en tête : lancer un premier chantier de construction en 2025 pour une mise en service 10 ans plus tard. Les chantiers suivants seraient ensuite lancés tous les deux ans.
… à l’impératif environnemental
À cet enjeu industriel et économique se rajoute un enjeu purement environnemental. Dans le cadre de sa transition énergétique, la France s’est en effet engagée à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre.
Pour y parvenir, il s’agira de réduire la part des énergies fossiles polluantes au profit des énergies décarbonées. En d’autres termes le nucléaire et le renouvelable.
Et à la question de savoir si la France aura besoin de construire de nouveaux réacteurs pour satisfaire ses futurs besoins énergétiques, les réponses divergent.
Certaines études récentes pointent cependant du doigt le rythme de croissance modéré des technologies renouvelables : cela tendrait donc à confirmer l’utilité de construire de nouveaux réacteurs pour stabiliser la production électrique, notamment pour prendre le relais au moment de l’arrêt des réacteurs nucléaires actuels.
« Est-ce qu’il faut construire de nouveaux EPR ? Ce sera au président de la République et au Premier ministre de décider », estime Bruno Le Maire. Le ministre considère cependant que l’énergie nucléaire est une ressource qui affiche « un coût compétitif, qui n’émet pas de CO2 et c’est la troisième filière industrielle française, c’est des centaines de milliers de salariés, d’ouvriers, de compétences, de savoir-faire ».
La technologie EPR bientôt opérationnelle
EDF est également favorable au lancement de chantiers destinés à renforcer les compétences des ingénieurs français. L’objectif pour l’électricien tricolore est de garder un mix électrique très peu émetteur de dioxyde de carbone mais également de continuer à développer ses activités à l’international (en remportant des marchés à l’étranger).
« Avec Hinkley Point[en Angleterre, EDF construit actuellement deux réacteurs de troisième génération] ,il y a eu un petit répit. Mais EDF a besoin d’un signal clair, d’autant plus qu’on leur a demandé de prendre en charge toute la filière nucléaire », estime Matthieu Courtecuisse, président du cabinet Sia Partners.
La place de l’énergie nucléaire sera examinée par le gouvernement dans le cadre de la prochaine PPE. Il est difficile de savoir quelle vont être les arbitrages de l’État sur ce secteur clef de notre économie même si Emmanuel Macron et Edouard Philippe se sont toujours montrés favorables à cette énergie.
Quelle que soit la décision prise, la technologie EPR bénéficiera aux citoyens français dans les prochaines années.
EDF doit en effet procéder d’ici décembre prochain aux essais à chaud de son EPR en cours de construction à Flamanville (dans la Manche).
Le réacteur devrait ensuite être mis en marche au plus tard en décembre 2019 pour un couplage au réseau électrique dans le courant du premier trimestre 2020. La pleine puissance (1.650 MW) devrait être atteinte au deuxième trimestre 2020.
Crédit photos : @EDF/Alexis Morin
COMMENTAIRES
Il y a une chose dont, étrangement, très peu de gens ont parlé. Gérard Mourou , enseignant -chercheur au labo de lX, et associé à Thalès dans la recherche de lasers à très haute énergie (femta lasers) a réussi la transmutation de déchets radioactifs de très longue demi-période (10E6 ans ou plus) ramenant celle-ci à environ 30 minutes. Cela lui a valu, ainsi qu’a Donna Frickland, le prix Nobel de physique en décembre 2018.
Il estime que l’industrialisation de son procédé prendra une quinzaine d’années.
Si cela se vérifie, et c’est assez probable, voila qui permettra, n’étant plus limité en électricité, de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau et fera de ce gaz le carburant de l’avenir.
Les avantages sont immédiatement perceptibles et pourtant cela ne suscite apparemment aucun enthousiasme…