La RATP accélère sur le bus électrique
Pollution atmosphérique, congestion du trafic routier, nuisances sonores… le secteur du transport n’affiche pas un bilan particulièrement reluisant dans la région parisienne. Ce secteur est clairement dans la ligne de mire d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, qui met tout en œuvre pour favoriser l’émergence de modes de transports plus respectueux de l’environnement et réduire la circulation des véhicules équipés de motorisations thermiques. Soucieux de s’appuyer sur la dynamique donnée par cette politique environnementale forte, la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) s’est donné un ambitieux objectif : verdir l’ensemble du réseau de transports en commun de la région parisienne.
Le plus important appel d’offres d’Europe
La RATP vient de lancer le plus gros appel d’offres européen dans le domaine de la mobilité électrique. Le transporteur parisien et sa tutelle Ile-de-France Mobilités ont en effet rendu public une consultation internationale relative à l’achat d’une flotte de 1.000 bus à motorisation 100% électrique (dont 250 en commande ferme) dans les deux prochaines années.
L’appel d’offres est à la mesure de l’ambitieux objectif que s’est fixée la RATP : les responsables de cette régie des transports souhaitent en effet se doter d’ici l’horizon 2025 d’une flotte de 4.700 bus propres pour l’ensemble de ses lignes opérant en Île-de-France.
À cette date, deux tiers des bus de la RATP fonctionneront grâce à une motorisation électrique, le dernier tiers avançant au biogaz. Les émissions de dioxyde de carbone de la régie devraient ainsi être divisées par deux.
L’appel d’offres porte sur « la fourniture d’autobus standards électriques de 12 mètres ». Il s’agit d’un marché divisé en 3 lots de véhicules, la première livraison étant pour l’instant prévue pour 2020. Selon les informations fournies par la RATP, le budget de ces commandes ne pourra excéder 400 millions d’euros (un investissement partagé entre les deux partenaires).
La RATP se prépare à cette transition énergétique
« L’équipement massif de notre parc en bus électriques démontre notre ambition de devenir un acteur incontournable de la transition énergétique dans le secteur du transport public. Notre objectif de disposer d’un parc bus 100% propre d’ici 2025 en Île-de-France est un véritable défi technologique qui nécessite d’adapter, dans des délais très contraints, nos 25 centres bus. Toute l’entreprise est mobilisée pour réussir ce défi », a déclaré dans un communiqué de presse la Présidente-directrice générale de la RATP, Catherine Guillouard.
La RATP prépare cette transition énergétique depuis plusieurs années maintenant.
Avant de lancer cet appel à projets, la régie des transports parisiens a en effet testé de nombreux modèles de bus électriques, développés autant par des constructeurs français (Heuliez, Bolloré et NTL-Alstom) que chinois (Dietrich Carebus-Yutong, BYD), espagnols (Irizar) ou polonais (Solaris).
Mieux, la ligne 341 qui va de La Défense à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a été totalement électrifiée dans le cadre d’une expérimentation de bus électrique en condition réelle d’utilisation. La RATP a pour cela fait l’acquisition de 20 Bluebus (conçus par le groupe Bolloré), qui rechargent leurs batteries dans les stations terminus.
Les lignes 115 et 126 sont également au centre d’une expérimentation : elles devraient accueillir une dizaine de véhicules afin de prolonger les phases d’expérimentations de nouvelles technologies de bus électriques. Si rien n’est pour l’instant officiel, la RATP pourrait bien étendre ses essais à d’autres lignes, comme l’emblématique ligne 72 qui longe la Seine.
Une volonté politique et un défi technologique
La plupart des modèles de bus électriques testés par la RATP affichent une autonomie théorique de 200 à 300 kilomètres et des technologies de recharge en station ou au terminus.
Ces technologies de transport en commun 100% respectueux de l’environnement sont donc parfaitement adaptées pour de courts trajets en zones urbaines à forte densité de population (mais un peu moins pour des trajets longues distances).
« Mon ambition est de doter la Région de 100% de véhicules propres en 2025 pour la zone dense (Paris, villes de petite couronne et grandes agglomérations régionales). C’est un enjeu de santé publique et un enjeu industriel majeur en ligne avec notre volonté de faire de l’Île-de-France une métropole attractive et écologique. C’est pourquoi Île-de-France Mobilités lance avec la RATP le plus important appel d’offres de bus électriques d’Europe. Pour la grande couronne, Île-de-France Mobilités travaille actuellement au lancement d’un appel d’offres d’environ 450 bus sur 3 ans pour accompagner les améliorations des lignes mises en place depuis 2016 et poursuivre l’équipement en bus propres des autres opérateurs d’Île-de-France », a déclaré Valérie Péresse, Présidente de la Région Île-de-France.
La RATP n’est cependant pas au bout de ses efforts. Le prochain défi majeur sera sans conteste la conversion de ses 25 centres de bus (qui distribuent aujourd’hui du gazole) en infrastructures de recharge en électricité et biogaz.