Réchauffement climatique : que fait-on de notre argent ?
Quel usage fait-on de notre argent pour combattre le réchauffement climatique ? Si l’on accepte sans trop rechigner le prédicat selon lequel les gaz à effet de serre d’origine anthropique sont la cause principale du dérèglement climatique rapide à l’échelle de la planète, alors les mesures envisagées doivent être à la hauteur des conséquences potentielles, et mises en œuvre par tous les pays.
Ainsi, il existe plus de 1200 lois dans 164 pays pour lutter contre le réchauffement climatique. [À noter que l’hiver rigoureux en Europe cette année ne doit pas faire oublier, au même moment, les 25 degrés au-dessus de la moyenne dans la zone polaire nord]
La France a, elle aussi, intégré à son dispositif législatif diverses mesures dont la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
Au passage, cette loi devait permettre la création de 100 000 emplois en trois ans. Hélas, force est de constater que cet aspect a échoué avec à peine un quart des emplois créés.
Revenons à l’essentiel, c’est à dire à l’utilisation de nos sous !
D’abord nous devons identifier ce dont nous parlons : l’argent qui est mis en œuvre dans le cadre de la loi n° 2015-992, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la mise en œuvre de l’accord de Paris est constitué de plusieurs contributions essentiellement laissées à la libre convenance de la chambre des députés.
Nous retiendrons les deux principales que sont :
La Contribution du Service Public de l’Électricité (CSPE) (5,6 Md€ en 2017, une taxe sur la consommation électrique). Le fonctionnement consiste à faire subventionner les Énergies Renouvelables Intermittentes (ENRI, solaire et éolienne) pour la production d’électricité principalement par EDF qui récupère alors la mise via cette taxe.
Toutefois, la CSPE qui est versée à l’État français en premier lieu, n’est pas suffisante pour compenser la différence entre le prix d’achat fixé par contrat et le prix de vente au tarif du marché. L’État doit donc actuellement la modique somme de 5 Md€ à EDF.
La Contribution Climat Énergie (CCE) (5.5 Md€ en 2017, estimation : 7 Md€ en 2018, essentiellement une taxe sur les produits fossiles payée par les consommateurs) est elle aussi utilisée principalement pour la production d’électricité par les Énergies Renouvelables Intermittentes.
À ceci s’ajoutent des dépenses au budget régulier de l’État et le coût de l’effort demandé aux organismes tels que l’ADEME pour ce même objectif, soit approximativement 2 Md€ annuels supplémentaires.
Selon la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) 69% des dépenses publiques dans le cadre mentionné précédemment vont à l’électrique d’origine éolienne et solaire (ENRI).
Est-ce bien raisonnable ?
La réponse, pour un pays qui dépendrait presque exclusivement des énergies fossiles pour son électricité, serait tout à fait positive… mais pour la France ?
La France produit trois quarts (77%) de son électricité grâce aux réacteurs nucléaires qu’elle a construit suite aux deux chocs pétroliers des années 1970 et encore 13% grâce aux installations hydrauliques, soit 90% d’électricité dé-carbonée au total (un record mondial).
La production d’électricité représente 25% de notre consommation énergétique totale.
Autrement dit, près de 70% des investissements sont dédiés à 2.5% de notre consommation totale d’énergie et seulement 30% au reste (dont 75% de notre consommation énergétique qui est essentiellement due au chauffage non électrique et au transport et qui est quasiment 100% fossile).
On peut donc, à juste titre, se poser la question de l’adéquation des moyens en fonction des objectifs pour la décarbonation de notre énergie, la réduction des gaz à effet de serre et, plus généralement, pour le climat.