Le réchauffement climatique touche 32 millions d’Espagnols
Multiplication des années très chaudes, augmentation des zones semi-arides: le réchauffement climatique affecte près de 70% de la population en Espagne, selon une étude de l’Agence de météorologie espagnole présentée mardi.
« Trente-deux millions de personnes sont affectées en Espagne par le changement climatique, par l’accumulation des années très chaudes lors de la dernière décennie, l’allongement de l’été et l’augmentation de la fréquence des nuits tropicales », c’est-à-dire celles lors desquelles la température ne descend pas en-dessous de 20°, a expliqué Beatriz Hervella, une porte-parole de l’Agence de météorologie (Aemet).
En analysant les données de 58 observatoires météorologiques à travers le pays ces dernières décennies, l’Aemet a pu mesurer le phénomène sur l’ensemble du territoire.
L’agence estime que depuis trente ans, les zones au climat semi-aride ont progressé en Espagne de 30.000 kilomètres carrés, soit environ 6% du territoire national. Les régions les plus affectées sont le sud-est de la péninsule ibérique, Castille-la-Manche (centre) et la Vallée de l’Èbre (nord-est).
Le réchauffement s’observe en particulier durant la période estivale, qui s’allonge de plus en plus. « L’été augmente de neuf jours tous les dix ans. Un été de la décennie actuelle compte donc pratiquement cinq semaines de plus qu’un été du début des années 80 », a illustré Ruben del Campo, un autre porte-parole de l’Aemet.
Le cas « le plus extrême » observé depuis 2011 est celui de l’observatoire de Barcelone/aéroport où « lors des huit dernières années, la température moyenne s’est toujours située dans la fourchette des 20% les plus chaudes observées » dans le pays, a ajouté Mme Hervella.
Selon l’Aemet, être dans cette fourchette signifie pour une zone avoir vécu une année « très chaude ». Or, sur les 59 observatoires du pays, 37 ont présenté au moins cinq années « très chaudes » depuis 2011.
L’Aemet a également observé une hausse du niveau de la mer Méditerranée, due au réchauffement climatique, d’environ 3,4 centimètres par décennie depuis 1993. Ce qui a un lien selon l’Aemet avec l' »augmentation de la fréquence des nuits tropicales », a expliqué Beatriz Hervella. Ces nuits tropicales ont des « effets sur la santé », « affectent le confort et rendent le sommeil plus difficile à trouver ».
Selon l’Aemet, qui publiera prochainement un rapport complet nommé « Open Data Climático », le changement climatique n’épargne pas Madrid, touchée par « l’effet d’îlot de chaleur urbain ». A cause de l’urbanisation, le sol ne peut libérer, la nuit, la chaleur accumulée pendant la journée.