Renouvelables et nucléaire : les positions d’EDF sur la révision de la PPE
Après l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe), c’est au tour d’un autre acteur incontournable du paysage énergétique français de partager sa contribution au débat public sur la révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). L’électricien EDF a en effet dévoilé son cahier d’acteur le 23 mai, sur le site de la Commission Particulière en charge de l’organisation de ce vaste débat.
Développement des solutions de stockage de l’énergie, déploiement d’un vaste plan solaire, création de réseaux de chaleur renouvelable, exploitation de l’énergie nucléaire, développement d’une filière pour l’éolien offshore, autoconsommation…
Ce document permet au groupe de Jean-Bernard Lévy de partager sa vision sur ce que doit être la politique énergétique française de demain afin de couper les émissions françaises de gaz à effet de serre et ainsi atteindre les objectifs de notre transition énergétique.
Réduire la consommation électrique des secteurs énergivores
EDF estime en premier lieu que la lutte contre le changement climatique et la diminution des émissions de dioxyde de carbone de notre économie doivent faire partie des priorités de notre pays.
Une position qui fait notamment écho à l’engagement d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 souhaité pas notre gouvernement.
Pour y parvenir, la France doit impérativement réduire sa dépendance aux combustibles fossiles et favoriser la sobriété et l’efficacité énergétique dans l’ensemble des secteurs de notre économie. En particulier dans les secteurs énergivores que sont les transports et le bâtiment.
Rappelant que le transport est à l’origine de près de 45% des émissions polluantes françaises, EDF plaide pour le déploiement des solutions de mobilité propre et notamment de la propulsion électrique via des batteries plutôt que par l’hydrogène.
Les batteries de stockage offrent en effet « un circuit à haute efficacité énergétique, l’électricité partant dans la batterie avec de très faibles pertes, pour alimenter ensuite un moteur électrique au rendement très élevé. Le passage par l’hydrogène, avec deux transformations supplémentaires (électrolyse et pile à combustible), demande près de trois fois plus d’électricité », expliquent les auteurs du document.
Massifier la rénovation thermique des logements français
En ce qui concerne le bâtiment, qui représente 30% des émissions de gaz à effet de serre de notre économie, EDF pense que le gouvernement doit axer son action sur la rénovation thermique des logements français.
« [La rénovation thermique] doit être accélérée, les technologies et méthodes doivent être améliorées et rendues moins coûteuses, les professionnels peuvent être mieux accompagnés pour maîtriser les solutions. Comme pour les autres secteurs, l’efficacité énergétique ne suffira pas à assurer la neutralité carbone, il faudra obtenir la neutralité de l’énergie consommée : pompes à chaleur adossées à une électricité décarbonée, chaleur renouvelable notamment dans les réseaux de chaleur, bois-énergie, géothermie, biogaz ».
EDF plaide en faveur de la complémentarité renouvelables/nucléaire
En parallèle de ce changement de paradigme en matière de consommation, il sera important de favoriser l’utilisation des ressources énergétiques décarbonées (énergies renouvelables, biomasse, géothermie, valorisation des déchets, gaz et carburants de synthèse) notamment dans le secteur de la production d’électricité.
Tablant sur une hausse modeste de la consommation d’électricité sur les deux prochaines décennies (« entre 0 et 0.5% par an »), EDF estime que le système électrique français du futur… doit rester très proche de ce qu’il est aujourd’hui.
Fidèle à son positionnement en faveur de la complémentarité des ressources énergétiques, l’électricien français confirme son souhait de ne pas fermer de réacteur nucléaire avant 2029 (centrale de Fessenheim mise à part).
Le parc nucléaire actuel est en effet un « atout majeur pour le pays » car il assure annuellement la production de quelques 400 TWh d’une électricité « sûre, compétitive, décarbonée, exportatrice, adossée à un tissu industriel important de 220.000 emplois ».
Mieux, les 58 réacteurs électronucléaires en activité dans l’Hexagone permettront la montée en puissance des énergies renouvelables, en palliant leur caractère intermittent.
2050, ou l’émergence du « nucléaire nouveau »
Exploitant historique du parc nucléaire français, EDF réaffirme sa capacité à exploiter ces réacteurs « en toute sécurité » jusqu’à 60 ans sous le contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
« Mais il ne nous paraît pas réaliste d’emmener l’ensemble du parc à cette échéance », précise le cahier d’acteur. Certaines tranches devront donc être arrêtées d’ici leur cinquième visite décennale (soit à partir de 2029).
« A l’horizon 2050, nous devons garantir la décarbonation complète du système électrique : pour être techniquement et économiquement viable dans un pays comme la France, celle-ci restera assise sur la complémentarité entre renouvelables et nucléaire ».
Dans ce contexte, le groupe EDF appelle à un « engagement rapide » en faveur de l’émergence du « nucléaire nouveau » : pour assurer la production d’une électricité sans émission de CO2 à l’horizon 2050, le gouvernement devra en outre s’engager dans la mise en service de nouveaux équipements nucléaires d’ici l’horizon 2030.
Une préconisation qui ne remet pas en cause « la perspective de baisse des capacités nucléaires installées dans le pays » tout en permettant d’atteindre l’objectif de neutralité carbone.
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