La rénovation énergétique des copropriétés en montagne
Une tribune signée Philippe Alluin, Ingénieur-Architecte, chargé d’enseignement dans le Mastère Spécialisé® TEC XX Transformation écologique des constructions du XXe siècle
En lançant les « Plans neige » dans les années 60, l’Etat français n’avait pas mesuré des conséquences qui arrivent à grands pas : le patrimoine immobilier ainsi construit dans les stations de sports d’hiver, le plus souvent peu entretenu, s’est beaucoup dégradé et se révèle aujourd’hui très énergivore. L’essentiel des immeubles d’habitation sont en copropriété, où précisément il est difficile d’engager une rénovation. Mais s’agissant des stations essentiellement tournées vers le ski, la difficulté est encore plus grande, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il s’agit de résidences secondaires, là où l’implication du copropriétaire est bien moindre que pour une résidence principale. Ensuite les logements construits à cette époque sont de très petite taille, ce qui rend l’enjeu énergétique à l’échelle d’un logement plus faible, et ce qui multiplie d’autant le nombre de copropriétaires pour un même immeuble. Enfin, les résidences secondaires louées en meublés de tourisme ne sont pas éligibles aux aides à la rénovation énergétique. Tout ceci rend les décisions en assemblée générale encore plus difficiles que partout ailleurs.
Parallèlement, le gouvernement envisage d’étendre les interdictions de location aux meublés de tourisme classés F et G, ce qui aurait pour conséquence de voir sortir près de 50% de ces logements du parc immobilier de locations saisonnières. De quoi bouleverser l’économie des stations de sports d’hiver, déjà mise à mal par les conséquences du réchauffement climatique. La crise qui s’annonce, accentuée par l’augmentation de la taxe d’habitation des résidences secondaires en zones tendues, dont relèvent bon nombre de stations, risque d’être grave. La dégradation des immeubles en copropriété et l’augmentation de lits froids (logements vides ou sous-occupés) auront un impact économique important dans l’avenir des stations. Il est donc urgent d’engager un processus de rénovation adapté.
La candidature des Alpes françaises pour les Jeux Olympiques d’hiver 2030, qui soulève par ailleurs beaucoup de critiques, devrait inciter à s’occuper sans tarder de ces passoires thermiques. La Région Auvergne Rhône-Alpes a mis en place un nouveau plan pour la montagne de 100 millions d’euros, dont 10 millions d’euros consacrés pour la rénovation immobilière de loisirs et des centres de vacances. Mais rien n’est prévu pour les copropriétés, qui représentent pourtant plus de la moitié des lits en station.
Pour inciter les copropriétés à engager sans tarder leur rénovation énergétique, la voie la plus efficace serait d’étendre le dispositif « MaPrime Rénov’ Copropriété » aux résidences secondaires en zone tendue. Pour être acceptable, cet élargissement pourrait être doublement conditionné : côté stations de ski, à l’engagement dans une diversification des activités en montagne respectueuses de l’environnement, et côté copropriétaires, à un engagement de location sur une durée réaliste, réduisant ainsi le nombre de lits froids.
En parallèle, l’interdiction de louer les passoires énergétiques en meublé de tourisme devrait être prise dès maintenant, avec une application annoncée dès avant 2030, évitant ainsi l’effet d’aubaine des Jeux d’hiver. Somme toute, appliquer le principe de la carotte et du bâton, qui a fait ses preuves en matière de rénovation énergétique.
COMMENTAIRES
On s’en fiche des jeux olympiques !
Cette société submergée de divertissement, de démagogie et de publicité est confinée à la crétinisation. Si les penseurs qui sont partis dans les années 70, 80 revenaient aujourd’hui, ils trouveraient notre société débile, sans exagérer.
Pour ce qui est des stations de sport d’hiver, c’est aux propriétaires d’assumer le coût énergétique de leur logement.
Les stations les plus hautes des Alpes du Nord peuvent encore compter sur le ski à long terme: Val Thorens, Val d’Isère et quelques autres. Pour le reste, ça va se terminer. En effet, le coût de la neige de culture ne va cesser d’augmenter, pour une offre de ski qui va constamment diminuer en surface skiable et en qualité de neige. Donc, à un moment donné, les clients arrêteront de payer toujours plus cher pour toujours moins de ski.
Par contre, dans un contexte où la moitié de l’année va devenir très chaude, les stations peuvent devenir d’excellents lieux de résidence principale, notamment pour les retraités, au moins pour la moitié chaude de l’année.
Cela commence à arriver en Suisse.
Il faudra pour cela casser les cloisons des petits appartements pour en faire de plus grands.
Il est effectivement probable que les « penseurs » du Plan Neige dans les années 70 n’aient pas anticipé la situation aujourd’hui, et encore moins celle de demain. Oui la montagne, trésor de la nature, souffre des excès de notre société, c’est la conséquence de politiques publiques conduites à court terme, l’inverse de l’exemple suisse.
Dans les stations de montagne, la majeure partie des copropriétés sont constituées de petits copropriétaires plutôt victimes d’un système, les grands gagnants de « l’or blanc » étant les promoteurs et les grands opérateurs du tourisme.
Pour éviter la déshérence, bien connue dans les copropriétés dégradées qui coûtent beaucoup d’argent public, et qui a déjà commencé avec les « lits froids », il sera effectivement nécessaire d’orienter le copropriétaire vers un avenir vertueux: rénover avec l’idée d’un habitat diversifié et plus utile. A défaut, on pourrait bien voir émerger des ensembles immobiliers morts à l’image des villes fantômes telles qu’on peut les voir aux Etats Unis lorsque le bâtiment n’a plus de valeur marchande.
Notons qu’un processus parallèle naît dans les stations balnéaires… au total ça fait un vrai sujet qu’il vaut mieux étudier plutôt que de mettre la tête dans le sable (ou dans la neige).
@Marc,
Vous êtes un peu dur avec les JO (mais votre propos n’est pas dénué de sens…).
Toutefois entre faire une descente de ski et des « runs » en moto pour avoir des sensations, le ski est un peu moins émissif et la qualité de l’air un peu moins affecté…
Idem faire du patinage est source de sensation et une patinoire peut servir de stockage de froid (Cf piste de ski à Dubai dans un centre commercial – absurde au 1er coup d’oeil, un peu moins au second sachant que cela donne une inertie de froid pour climatiser l’ensemble du centre commercial lui-même climatisé à grand renfort d’énergie…, si la neige est « faite » à base de PV…). Le développement de patinoire sera peut-être à envisager dans de grandes villes françaises en vue des vagues de chaleur à venir pour avoir des ilots de fraicheur et des zones de loisirs tout « temps », des « grands-parents » pouvant déposer leur petit-enfants pour le coté loisir tout en « profitant de la fraicheur » pendant quelques heures…
Les sports de montagne été comme hiver (hors transport pour s’y rendre !) ne sont pas des grands émetteurs en règle générale et en s’attelant sur la partie « transport » cela peut devenir des Loisirs à faible émission…
Si Les logements de montagne sont des gouffres financiers pour le chauffage (sachant que en plus les stations de ski ont été très pénalisées avec l’augmentation des prix de l’électricité pour les remontées mécaniques et que les prix des transports ont aussi augmenté), cela (re)deviendra des Loisirs pour « l’élite » alors que ce fut des Loisirs qui se sont démocratisées dans les années 80-90 et même 2000 pour les Français… Et là effectivement les petits « studios » de Sport d’hiver (qui pour certains étaient plus des séjours type camping) se transformeront en appartement plus grand pour un nombre plus limité de « touristes » dont la sélection se fera sur la capacité financière…
Pas sur que cela calme les « petites classes moyennes » si le « ski » devient totalement inabordable…
Flécher des crédits rénovation pour un logement utilisé trois mois par an?
Il faudrait une étude chiffrée des consommations de ces logements
Des consos réels pas des DPE
En enlevant un peu de financement du PV individuel, cela permettrait de financer et de garder « accessible » le ski à plus de monde dans ce pays et d’éviter que cela redevienne hyper-élitiste !
Dans cet article, on ne parle que de futilités que l’auteur voudrait voir mettre au premier plan ! Il n’y a pas d’autres sujets que les loisirs de privilégiés ?
La sottise des ayatollahs du prétendu réchauffement climatique est décidément sans limite.
@Brun,
Aller le dire et manifester devant l’Académie des Sciences !!! Ce « temple d’Ayatollahs » (d’après vos critères !) ne doit pas trouver « grace » à vos yeux…
Et Mieux vaut le livre du « combat » sur sa table de chevet – « Le CO2 est bon pour la planète » · Christian Gerondeau !!! N’est ce pas ? (Grandeur et surtout Décadence au Pays de Descartes et de Pascal !!!)
P.S.: N’oubliez pas d’aérer votre intérieur, le CO2 est bon à petite dose – seulement… – après cela devient néfaste !!!
https://www.anses.fr/fr/content/dioxyde-de-carbone-co2-dans-l%E2%80%99air-int%C3%A9rieur#:~:text=Les%20valeurs%20limites%20r%C3%A9glementaire%20ou,sanitaire%20de%20l%27air%20int%C3%A9rieur.
Pas d’accord, moins l’état est présent, mieux on se porte.
Tout ce dont il se mêle foire.
De plus, il s’agit encore de distribution d’argent magique, et là il n’y en a plus.
Laissons faire le marché.
PS : Personnellement, je n’ai jamais trouvé les sports d’hiver abordables.
@Peluchon,
Faut-il « libéraliser » l’armée et la « Justice » aussi !? tant qu’à faire… (Wagner a eu divers résultats en Ukraine et en Russie !)
Pour l’éducation, c’est triste à dire, mais il vaut mieux mettre ses enfants en règle générale dans le Privé aujourd’hui pour qu’ils « réussissent », l’état a trop laisser faire du grand n’importe quoi dans l’éducation Nationale…
L’état ferait bien de jeter un coup d’oeil sur les Taxes des vols intérieurs et/ou européens. On « subventionne » l’avion et on assomme le petit consommateur moyen de Taxes…
P.S. : Oui les Sports d’hiver sont onéreux, mais cela peut être une préférence et un choix de vacances (ce qui est le cas pour certains personnes amoureux de la Montagne)… Si cela devient inabordable alors le choix devient « impossible » pour certains… Il faut aussi rappeler que nombre de résidences de stations sont parfois chauffées au fioul…
Le problème est que l’état se mêle aussi de ça. Il faut laisser faire le marché.
Laissez les propriétaires, ils sont assez grands!
Si ces passoires thermiques entraînent de monstrueuses factures d’électricité, les rénovations suivront fatalement.
Et si les vacanciers assument ces factures, où est le problème? Il suffit qu’EDF assure, ça lui permettra de financer ses EPR! Et arrête de conseiller à ses clients de consommer moins. C’est le seul industriel au monde à conseiller à ses clients de modérer sa consommation.
@Peluchon,
C’est parfois à l’état de flécher vers qui/quoi vont les aides pour garder des activités largement « démocratisées », sinon l’exclusion guette… Cela le « MArché » sait bien le faire à marche forcée et cela n’amène pas que de « cohésion nationale » !!! (La libéralisation du prix du pain et la Révolution Française, c’est une histoire « proche »… https://www.leparisien.fr/economie/consommation/inflation-en-1775-la-guerre-des-farines-allume-la-meche-de-la-revolution-26-06-2022-3KJPNFSMZNALLJHGOVWDP7I72E.php#:~:text=Le%20prix%20du%20pain%20triple&text=Le%2013%20septembre%201774%2C%20le,commerce%20de%20grains%20en%20France. ) Chacun son point de vue…
Des aides (ou des crédit d’impôt) en échange de durées de Location garanties à prix modérés, cela aurait du sens…