Un réseau de chaleur géothermique à l’est de Paris
Dans l’est de Paris, en Seine-et-Marne, le projet de géothermie de Champs-sur-Marne, porté par la communauté d’agglomération Paris – Vallée de la Marne (CAPVM) et GéoMarne (filiale locale d’ENGIE Solutions) a démarré.
Zoom sur cette future centrale géothermique qui permettra d’alimenter 10 000 équivalents logements avec Grégoire Wintrebert, directeur du territoire des Confluences – ENGIE Solutions.
En quoi, concrètement, le projet contribue-t-il à la lutte contre le changement climatique ?
Ce projet s’inscrit pleinement dans la démarche environnementale de la communauté d’agglomération de Paris-Vallée de la Marne et contribue plus largement à la lutte contre le changement climatique pour diverses raisons.
Alimenté à 82% par la géothermie, le réseau de chaleur permettra d’éviter chaque année l’émission de 25 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de près de 17 000 véhicules.
Ainsi, il apportera une solution de chauffage et de fourniture en eau chaude sanitaire « propre », locale, renouvelable, limitant les émissions de gaz à effets de serre.
Par ailleurs, les équipements qui composent une centrale et son réseau de chaleur étant de plus en plus « intelligents », ils permettent de répondre à trois objectifs : mieux ajuster la production à la demande, anticiper les périodes de pointe de chauffage et réduire au maximum les pertes d’énergie.
Le réseau de chaleur GéoMarne est un outil décentralisé de production et de distribution d’énergie, plus efficace et plus économe, conçu pour répondre aux besoins du territoire de la CAPVM.
Comment la future centrale géothermique fonctionnera-t-elle ?
Cette centrale sera alimentée à 82% par la géothermie, donc majoritairement à partir d’une source renouvelable, via la technique du doublet : deux puits sont forés à 1900 mètres de profondeur.
Le puits de « production » permet de puiser une eau à 70° dans le dogger, dont les calories vont être transférées dans un échangeur et ainsi, produire de la chaleur distribuée grâce à un réseau de 19 km sur les communes de Noisiel et Champs-sur-Marne.
Un puits de « réinjection » permet, comme son nom l’indique, de réinjecter l’eau dans la nappe à plus d’un kilomètre de la zone de production afin de ne pas refroidir la température de l’eau puisée.
En plus du doublet géothermique, la centrale comprendra différents équipements, notamment : une pompe à chaleur haute performance de 6 MW afin d’optimiser la puissance géothermique, ainsi que deux chaudières d’appoint fonctionnant au gaz naturel d’une puissance de 29 MW.
Combien de foyers pourront bénéficier de cette chaleur renouvelable ?
D’une longueur de 19 km, le réseau de chaleur GéoMarne desservira l’équivalent de 10 000 logements sur les communes de Champs-sur-Marne et Noisiel.
L’équivalent logement est une unité de mesure correspondant à la consommation énergétique d’un logement de 80 m2 occupé par 4 personnes, mais le réseau GéoMarne desservira plusieurs types de bâtiments : logements, bâtiments communaux, locaux tertiaires…
L’exploitant va réaliser un investissement à hauteur de 40 M€. Pourquoi faire appel au financement participatif ?
Dans sa démarche de proximité avec les territoires, ENGIE Solutions a fait le choix d’ouvrir le projet aux citoyens locaux via un dispositif de financement participatif, afin de renforcer l’ancrage territorial du projet et impliquer les habitants de la CAPVM à son succès.
C’est Lumo, plateforme experte du financement participatif au service de la transition énergétique, qui a la charge de la réussite de cette collecte en s’appuyant sur sa communauté d’utilisateurs et son réseau de distribution.
Il s’agit dans ce cas précis d’une opération inaugurale à double titre pour ENGIE Solutions et Lumo. Expert de la géothermie depuis 40 ans, et leader en Ile-de-France, il s’agit de la première collecte de financement participatif de la part d’ENGIE Solutions pour ce type de projet.
Lumo est également la première plateforme de financement participatif à offrir l’opportunité aux citoyens de contribuer à un projet d’énergie de source géothermale.
Quand seront donnés les premiers coups de pelle ?
Les avants-puits, premiers forages à 40 mètres, ont été réalisés en juillet dernier. Actuellement, la phase de préparation de la plateforme destinée à accueillir la machine de forage est en cours, pour laisser place au chantier de forage de géothermie profonde fin novembre 2019.
Au printemps 2020, démarreront les travaux de construction de la centrale, pour une mise en service du réseau géothermique fin 2021.
D’autres territoires franciliens pourraient-ils accueillir une telle centrale ?
Oui, en effet, l’Ile-de-France est une région propice au développement de la géothermie en raison de la présence du dogger et de sa densification. Un autre projet de géothermie sera d’ailleurs mis en service en 2021, à Vélizy-Villacoublay (78).
Les réseaux de chaleur ont un bel avenir devant eux comme outil décentralisé de production et de distribution d’énergie. Ils sont conçus pour répondre aux besoins d’un territoire donné, de plus en plus « intelligents » en termes d’équipements et, grâce à l’intégration des énergies de source renouvelable comme la géothermie ou la biomasse, ils présentent de réels atouts en matière de réduction d’impact environnemental.
Par ailleurs, dans la lutte actuelle contre le changement climatique, des besoins en production de « froid » émergent. Les réseaux urbains sont une réponse au développement de cette filière : alors que le réseau de chaleur transporte de la chaleur d’une chaufferie aux bâtiments, le réseau de froid évacue la chaleur des bâtiments et la transporte jusqu’à un point de rejet dans l’air ou dans l’eau (mer, rivière…).
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