nucléaire

Le réseau électrique français à l’épreuve du froid

Alors que la saison hivernale s’installe durablement, une vague de froid est sur le point de frapper la quasi-totalité de la France. Météo France annonce en effet des températures inférieures de « quatre à huit degrés » aux normales saisonnières pour la majeure partie de la semaine du 16 janvier. Et avec ce prochain coup de froid vient le risque d’une consommation excessive de chauffage… et donc un risque de pénurie d’électricité. Peut-on dès lors craindre un black-out ? L’électricien EDF et le gestionnaire du Réseau de Transport d’Électricité RTE sont confiants dans leur capacité à affronter ces températures. Tour d’horizon des mesures exceptionnelles prévues dès demain pour assurer l’approvisionnement en électricité.

Une vague de froid attendue pour la semaine du 16 janvier

Aucune région de France ne sera à priori épargnée par la vague de froid qui arrive : -4°C à Marseille, -5°C à Bordeaux, -6°C à Toulouse, -9°C à Strasbourg… Si l’on est encore loin de la vague de froid historique de l’hiver 2012, Météo France estime que c’est la première fois depuis cette date que l’Hexagone connaîtra « un froid aussi généralisé et peut-être durable ».

Depuis dimanche, les températures sont inférieures de deux à quatre degrés aux normales saisonnières alors que huit départements d’Ile-de-France sont en vigilance orange. Et cela devrait continuer : les prévisions de Météo France font craindre d’autres chutes de température, notamment mardi 17 janvier, où le mercure pourrait rester dans le négatif tout au long de la journée. Ces températures glaciales devraient s’installer au moins jusqu’à dimanche prochain.

En France, plus de huit millions de logements sont chauffés à l’électricité. Les températures particulièrement rudes annoncées par Météo France entraineront donc une importante hausse de la consommation et mettront notre système électrique à rude épreuve. RTE s’attend notamment à un pic de consommation électrique de 100 GW, entre mercredi et vendredi prochain, chaque soir, vers 19h. Soit un niveau proche du record historique de février 2012 (102,1 GW) qui a représenté « un niveau de consommation que l’on n’atteint qu’une fois tous les vingt ans ».

Or, en raison des réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt et de l’indisponibilité des centrales solaires après le coucher du soleil, les moyens de production disponibles pour faire face à ces pics de consommation « ne seront que de 85 GW, selon les prévisions de RTE de jeudi ». Une situation inquiétante que le gestionnaire de réseau évoquait dès novembre dernier : « la sécurité d’approvisionnement électrique de l’hiver 2016-2017 s’annonçait plus délicate à assurer que lors des hivers précédents, en raison de l’indisponibilité de plusieurs sites de production ».

La relance de 9 réacteurs nucléaires réduit les risques

Face aux craintes de blackout, Ségolène Royal, ministre de l’Énergie et de l’Environnement, a décidé de convoquer l’ensemble des opérateurs du marché de l’énergie à une réunion de crise vendredi 13 janvier. L’objectif de cette rencontre : examiner les solutions qui s’offrent à la France pour réduire la consommation électrique lors des journées où le froid est le plus virulent.

Première bonne nouvelle, l’ASN a donné le 12 janvier dernier son accord pour le redémarrage de neuf des douze réacteurs nucléaires français actuellement à l’arrêt pour inspection. La vérification du réacteur n°4 de la centrale du Bugey (Bugey 4), de Dampierre 3, de Fessenheim 1, des Gravelines 2 et 4, de Saint-Laurent-des-Eaux B1 et des Tricastin 1, 3 et 4 est donc terminée. En cette période de grand froid, ces 8,1 GW ne seront pas de trop pour assurer l’équilibre du réseau tricolore.

Le gendarme du nucléaire a également accepté la demande d’EDF de reporter de deux semaines l’arrêt de deux autres réacteurs, afin de pouvoir faire face aux pics de consommation attendus. Le groupe de Jean-Bernard Lévy a en effet demandé à l’autorité de sûreté de reporter l’échéance des contrôles ordonnés pour le réacteur n°2 de la centrale du Tricastin et le réacteur n°1 de la centrale de Civaux afin de ne pas amputer de plusieurs milliers de MW la puissance de production disponible cette semaine. « L’ASN a considéré ce report comme acceptable au regard de la sûreté et a fixé au 3 février 2017 l’échéance des contrôles », explique un responsable de l’ASN.

Les mesures exceptionnelles de RTE

Malgré ces relances, le parc nucléaire tricolore fonctionnera en-deçà de ses capacités maximales. L’Hexagone pourra toutefois compter sur ses importations d’électricité pour combler un éventuel déficit. Les interconnexions avec l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne affichent un maximum théorique de 12.2000 MW. Toutefois, étant donné que la vague de froid que nous affrontons touche l’ensemble de l’Europe, RTE estime que seuls 7.000 MW seront disponibles en cas de besoin.

Mais le gestionnaire de réseau a annoncé qu’il disposait d’un protocole d’action concret pour éviter au maximum les coupures de courant. Cette série de mesures exceptionnelles pour lutter contre la consommation excessive d’électricité, sera mis en place « graduellement ».

Dans un premier temps, RTE compte s’appuyer sur un nouveau dispositif d’alerte citoyen grâce à son application pour smartphone, Eco2Mix. Ce logiciel, disponible gratuitement, permettra en effet d’envoyer un message d’alerte aux usagers en cas de pics de consommation. Et de leur conseiller des éco-gestes simples (baisser le chauffage d’un degré) et de reporter certaines tâches énergivores (lave-linge, sèche-linge…) à plus tard. Selon la mobilisation, RTE estime pouvoir mobiliser entre 1.000 et 5.000 MW.

Deuxième option envisagée par RTE, l’effacement de consommation. Il s’agit d’un dispositif qui permet d’interrompre temporairement la consommation d’industriels ou de particuliers consentants, afin de gagner jusqu’à 3.150 MW. RTE a notamment passé des contrats d’incorruptibilité avec « 21 sites électro-intensifs volontaires ». Ces derniers, recrutés par appel d’offres, peuvent interrompre en moins de 5 secondes leur consommation. Soit un gain de 1.500 MW sur la puissance du réseau.

Autre possibilité, baisser la tension du réseau électrique français de 5%. Une mesure qui entraîne une baisse de l’efficacité et du rendement de certains appareils électriques mais qui évite de couper complètement l’alimentation d’un client. Cette baisse de tension électrique peut permettre de mobiliser 4.000 MW (soit l’équivalent de la consommation de Paris et Marseille réunis).

Enfin, en cas d’extrême nécessité, RTE pourrait avoir recours au délestage programmé, c’est-à-dire des coupures contrôlées de l’électricité dans diverses zones du réseau pour préserver son équilibre. Ces coupures ne peuvent cependant excéder 2 heures.

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