Réseau électrique: le régulateur défavorable aux demandes budgétaires du gestionnaire
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) ne paraît pas décidée à approuver les 33 milliards d’euros sur 15 ans que le gestionnaire du réseau électrique français estime nécessaire pour moderniser le système du pays, à en croire des déclarations de son président mercredi.
« RTE m’annonce 33 milliards sur 15 ans. Dit comme ça, c’est non! », a déclaré à la presse le président de la CRE, Jean-François Carenco, au siège de RTE, le gestionnaire du réseau à haute tension français.
RTE a présenté fin 2019 son plan décennal évaluant à 33 milliards d’euros les besoins d’investissements sur 15 ans pour moderniser et numériser le système électrique français, créer des interconnexions avec les pays voisins ou encore développer les énergies renouvelables.
M. Carenco a invoqué mercredi le coût, ainsi que « la réticence de nos concitoyens » devant l’impact environnemental de tout nouvel équipement.
« Le maître mot c’est flexibilité », a dit le président de la CRE. « A chaque investissement la question doit être: +y a-t-il un moyen de ne pas le faire, avec la flexibilité et la recherche d’un optimum économique?+ », a-t-il ajouté, citant parmi ces outils l' »interruptibilité » (le fait de couper l’alimentation de sites industriels en cas d’urgence), les interconnexions avec les pays voisins, le stockage…
Interrogé sur ces déclarations, le président de RTE, François Brottes, s’est voulu rassurant: « C’est son rôle de dire que c’est toujours trop (cher). On attend la délibération du régulateur pour approuver le schéma décennal, nous avons répondu à 300 questions et donc il devrait délibérer en mars ».
En vue de l’adaptation du réseau aux énergies renouvelables, RTE a justement annoncé lundi le lancement des travaux de son projet expérimental de stockage baptisé « Ringo ».
Financé à hauteur de 80 millions d’euros, ce projet inclut trois sites de stockage équipés par trois consortiums: Vingeanne (Côte d’Or) équipé par Nidec Asi, Bellac (Haute-Vienne) par Saft/Schneider et Ventavon (Hautes-Alpes) par Blue Solutions (Bolloré)/Engie/SCLE Ineo.
Cette expérimentation permettra de tester le stockage des surplus ponctuels de production éolienne et solaire et leur déstockage à distance. Il s’agit là d’éviter des pertes de production d’électricité et d’éviter la construction de lignes supplémentaires.
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COMMENTAIRES
On commence à découvrir que quand du courant est produit n’importe quand, n’importe où, dans n’importe quel quantité et que dans le même temps on ferme des centrales de production de forte puissance (charbon, nucléaire), il faut repenser tout le réseau et se poser la question du stockage ou organiser les délestages…
Effectivement, on commence à toucher du doigt les réalités. Et elles sont douloureuses. La modernisation du réseau de toute façon, est nécessaire.