Révision de la PPE : le chantier énergétique de 2018 du gouvernement
Lorsque l’État français publie la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte au Journal Officiel, le 18 août 2015, il assure à ses citoyens de lutter plus efficacement contre le dérèglement climatique et à préserver l’environnement. Pour y parvenir, le gouvernement s’engage à mettre la France sur la voie d’un système énergétique plus efficient et plus sobre, dans lequel la diversité des ressources assure la protection de la nature et de la santé des citoyens français mais également l’accès de tous à une énergie sûre et compétitive. C’est pour donner les moyens au gouvernement d’atteindre ces objectifs qu’est élaborée la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE).
Une feuille de route pour mener à bien la transition énergétique
Prévue par la loi relative à la transition énergétique, la PPE a été pensée comme un véritable outil de pilotage de la politique énergétique française. Établie en étroite cohérence avec la stratégie nationale bas carbone, son rôle est de fixer les grandes trajectoires de notre politique énergétique pour les années à venir et de définir les actions concrètes qui mèneront vers la décarbonisation et la diversification de notre mix énergétique.
Cette programmation pluriannuelle a été élaborée à partir de mars 2015 en étroite collaboration avec les citoyens, les collectivités, les entreprises et les professionnels du secteur de l’énergie. La PPE est donc en premier lieu une feuille de route concertée, qui précise les objectifs prioritaires de notre transition énergétique et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
Il s’agit d’un schéma directeur qui hiérarchise les problématiques de travail et donne de la lisibilité à l’ensemble des acteurs économiques et des citoyens.
La PPE permet également de définir des plans et des stratégies qui déclinent de manière opérationnelle les actions du gouvernement. D’ici l’horizon 2023, la programmation pluriannuelle prévoit par exemple d’augmenter de plus de 70% la capacité installée des énergies renouvelables électriques et de plus de 35% la production de chaleur renouvelable par rapport à 2014 (grâce à des stratégies définies énergie par énergie).
Des actions concernent également le développement de l’efficacité énergétique (réduction de nos consommations d’énergie) et le développement de la mobilité propre (baisser de 11,5% la consommation d’énergie du secteur des transports).
2018, année de la première révision de la PPE
En plus de comporter une étude d’impact économique et social, ainsi qu’une évaluation environnementale stratégique, la PPE définit l’enveloppe maximale indicative des ressources publiques de l’Etat et de ses établissements mobilisées pour atteindre les objectifs quantitatifs de la programmation.
Afin de s’adapter aux évolutions technologiques et de tenir compte des incertitudes qui affectent le monde de l’énergie, la première PPE publiée en 2016 porte sur deux périodes successives de respectivement trois et cinq ans, soit 2016-2018 et 2019-2023, avec une phase de révision entre ces deux périodes. La programmation pluriannuelle sera donc révisée d’ici la fin de l’année.
Par la suite, chaque programmation portera sur deux périodes de cinq ans avec une évaluation prévue tous les cinq ans, selon les mêmes modalités que la première PPE.
La révision sera donc un des fils rouges de l’année 2018. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, l’a annoncé : « Je prendrai le temps qu’il faudra. Il ne faut pas se louper. Toute l’année y sera consacrée ». Un débat public devrait permettre d’alimenter ce chantier au cours du premier trimestre avec, possiblement, une première mouture d’ici cet été.
La complémentarité renouvelable/nucléaire
Cette première révision de la PPE permettra donc de dessiner, filière par filière, les grandes trajectoires de la France pour la prochaine décennie. Il s’agira pour le gouvernement de trouver le bon compromis énergétique (fixer de nouveaux objectifs de développement des différentes ressources énergétiques) afin de tendre toujours plus efficacement vers les objectifs de la loi sur la transition énergétique (réduire les émissions françaises de dioxyde carbone).
Lors de ses vœux à la presse, Nicolas Hulot a qualifié 2018 « d’année de la désintoxication aux énergies fossiles ». Une manière d’annoncer qu’il allait revoir à la hausse les objectifs de développement de la puissance installée du parc renouvelable français, tout en militant pour l’application de la loi hydrocarbures. Aucun chiffre n’a encore filtré, mais le ministre de la Transition écologique a promis un « changement d’échelle en matière d’énergies renouvelables ».
Autre sujet important de cette PPE : la place de l’énergie nucléaire dans notre mix énergétique. Aucune décision n’a été prise à ce sujet, mais le ministre a laissé entendre que la réduction de la part de l’atome serait progressive et mesurée. Comme annoncé ces derniers mois, nous savons déjà que la réduction de la production nucléaire de 75% à 50% de notre mix électrique s’étalera jusqu’en 2035.
« Si on ferme certains réacteurs et que, dans le même temps, on n’a pas réussi à développer les énergies renouvelables et qu’on a fermé les centrales à charbon en 2022, à un moment ou un autre on risque d’avoir des problèmes d’approvisionnement », expliquait en octobre dernier M. Hulot, soucieux de ne pas déstabiliser le système d’approvisionnement énergétique français.
De nouveaux objectifs de développement devraient également voir le jour afin de favoriser, comme le souhaite le gouvernement, l’éolien en mer mais également les énergies marines renouvelables, la géothermie, la méthanisation ou encore le bois-énergie. La PPE devrait notamment apporter des précisions sur les objectifs poursuivis par les différents calendriers provisionnels d’appels d’offres.
COMMENTAIRES
Nous avons restitué fin juin 2017, à la Caisse des dépôts, devant 80 acteurs franciliens, un travail de 9 professionnels trentenaires, (constitués en association : point virgule) dans lequel se sont impliqués l’Etablissement public foncier IDF, la Caisse, Grand Paris Aménagement, Icade et Arep ainsi que deux territoires, Cergy-Pontoise et Plaine Commune : le travail portait sur le devenir des Zones d’activités.
Parmi les 10 fiches actions produites, l’une d’elles pointe le potentiel photovoltaïque des toits des bâtiments de ces zones d’activité : il est, en Île de France, de l’ordre de grandeur de la consommation des grandes industries et des PME-PMI (source RTE). Evalué à 6c le kwh, son chiffre d’affaire annuel est de l’ordre de 2 milliards d’euros. Le financement de son investissement pourrait impliquer les entreprises mais aussi les habitants.
Etendu à la France, je constate qu’il est de l’ordre de grandeur de la production annuelle de 17 réacteurs de 900 GW.
Ce projet de transition écologique et solidaire, à construire, est d’intérêt national.