Rosatom construira une centrale nucléaire au Vietnam, Areva pourrait l'imiter
Rosatom, le géant russe du nucléaire, a signé un accord, jeudi dernier, avec l’Electricité du Vietnam (EVN) en vue de la construction de l’unité 1 de la centrale nucléaire Ninh Thuan. Le programme nucléaire vietnamien porte sur la construction de quatre tranches. Les deux premiers réacteurs seront construits par la Russie. Les deux suivants par le Japon, ce qui pourrait bien faire les affaires d’Areva si son partenaire nippon Mitsubishi Heavy Industries et leur réacteur commun, l’Atmea-1, étaient sélectionnés.
Le document signé jeudi dernier par le vice-président de la société d’ingénierie nucléaire NIAEP, Vladimir Savushkin, et par le vice-président d’EVN (Electricity of Vietnam) Nguyen Cường Lâm définit les grandes lignes du projet de construction de l’unité 1 de la centrale Ninh Thuan, qui sera la première du Vietnam. Des représentants de Rosatom et le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce étaient aussi dans les rangs de cette assemblée.
« Nous et nos partenaires vietnamiens sommes confiants pour le projet, en cours de développement, de la centrale nucléaire russe qui sera une installation de production des plus efficace dans le pays et réunira toutes les exigences de sécurité et les normes internationales de qualité », a déclaré le directeur général d’ASE-NIAEP-AEP Valery Limarenko.
Le gouvernement vietnamien a annoncé en novembre dernier le choix du réacteur nucléaire qui équipera les deux premières phases de la centrale de Ninh Thuan. Choix qui s’est porté sur le réacteur AES-2006 de Rosatom ayant une puissance de 1200 MW. Les deux réacteurs devront être construits entre 2017 et 2023. La Russie est prête à financer au moins 85% de cette première unité, et contribuer à l’approvisionnement en combustible nucléaire et au traitement des déchets.
Les deux réacteurs suivants seront construits sur le même site, en partenariat avec le Japon. Le gouvernement japonais pourrait inciter le gouvernement vietnamien à se doter du réacteur de moyenne puissance Atmea, produit par la co-entreprise du japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et le français Areva. C’est du moins ce qu’a révélé le week-end dernier le journal Nikkei.
Atmea-1 est un réacteur à eau pressurisée de 1 100MW de troisième génération. Ce réacteur de moyenne puissance est idéal pour fournir en énergie des réseaux électriques qui ne sont pas en capacité de supporter la connexion à des réacteurs plus puissants, comme c’est le cas du réseau vietnamien. Particularité de ce réacteur, il présenterait les meilleures garanties de résistance aux séismes. Autre atout, il se compose d’un système de refroidissement supplémentaire et d’une source d’électricité de secours. Des arguments sécuritaires qui devraient compter dans une région encore marquée par la catastrophe de Fukushima de 2011.
Deux autres fabricants japonais sont aussi en lice, Hitachi et Toshiba. Selon le journal nippon, Hanoi devrait officialiser son choix l’an prochain. L’accord pourrait atteindre 8 milliards de dollars.
Comme la plupart des pays en développement, le Vietnam fait face à une explosion de la demande en électricité qui devrait tripler d’ici 2030. A l’heure où la communauté internationale, pays développés et émergents confondus, semble plus que jamais décidée à agir pour limiter l’impact de l’activité humaine sur le climat, le nucléaire apparaît aux yeux de nombreux pays comme une solution pour fournir une grande quantité d’électricité sans rejets de CO2. La construction d’une deuxième centrale nucléaire est d’ores et déjà à l’étude dans le centre du Vietnam.
Samuel BEDIN
Crédits photo : Yuji Sakaguchi