Royaume-Uni: les pénuries d’essence dues à des « achats de panique » qui s’aggravent
Les pénuries d’essence au Royaume-Uni sont dues à des « achats de panique purs et simples », a affirmé lundi sur la BBC le président de l’association des stations d’essence britanniques (PRA), tandis que d’après la presse locale, le gouvernement envisage de faire appel à l’armée pour livrer du carburant.
« L’un de nos membres a reçu un conteneur à midi et dès la fin d’après-midi il avait totalement disparu » dans les voitures des gens, a ajouté Brian Madderson, un responsable de la PRA.
Les stations étaient principalement à court d’essence dans les zones urbaines du pays tandis que l’Irlande du Nord semblait pour l’instant épargnée par le problème, a-t-il détaillé.
Le bond de la demande d’essence a amené la PRA a avertir que jusqu’à deux tiers de ses membres de près de 5.500 sites indépendants sur un total de 8.000 stations de rechargement dans le pays étaient à court de carburant dimanche, « les autres presque à sec ».
Ces derniers jours et malgré des appels du gouvernement à ne pas paniquer, les stations-service ont été prises d’assaut en raison de ruptures de stocks qui touchent aussi les rayons de produits agroalimentaires.
Face aux pénuries qui s’aggravent, dues essentiellement à un manque de chauffeurs routiers, Londres s’est finalement résolu samedi à amender sa politique d’immigration post-Brexit et à accorder jusqu’à 10.500 visas de travail provisoires.
Ces permis de trois mois, d’octobre à décembre, doivent pallier un manque criant de chauffeurs routiers mais aussi de personnel dans des secteurs clés de l’économie britannique, comme les élevages de volailles.
D’après la presse britannique, le gouvernement étudie la possibilité de faire appel à l’armée pour à court terme pallier ces pénuries.
Le ministre des Entreprises et de l’Energie Kwasi Kwarteng a pour sa part indiqué dimanche dans un communiqué qu’il avait temporairement exempté le secteur des distributeurs de carburant des règles de la concurrence afin qu’ils puissent livrer en priorité les zones qui en ont le plus besoin.
Un porte-parole de Royal Dutch Shell contacté par l’AFP a admis que le géant pétrolier « constate une demande en hausse aujourd’hui à certaines stations d’essence, avec des queues plus longues. Nous adaptons nos calendriers de livraison ».
Sur Sky News, Brian Madderson a attribué cet effet de panique à une « fuite d’un rapport confidentiel de BP pendant une réunion du gouvernement » qui a « été diffusé mercredi » et suivi « d’achats de panique jeudi, vendredi, samedi et hier », a-t-il déploré.
M. Madderson a nuancé l’amélioration que pourraient amener les chauffeurs de l’armée: « ce n’est pas aussi facile que vous pensez car les chauffeurs de poids lourds sont très spécialisés » et les camions citernes transportent un « liquide très inflammable à travers le pays » qui nécessite des procédures appropriées de chargement et déchargement.
Sur le fait de faire revenir des chauffeurs européens qui sont rentrés dans leur pays avec la pandémie et le Brexit, M. Madderson a fait valoir qu’il y avait aussi des pénuries de chauffeurs en Europe continentale.
Il a relevé le problème des arriérés permis de conduire de poids lourds qui n’ont pu être passés pendant les confinements: « il y a 40.000 demandes en instance de permis de poids lourds la part de Britanniques ».
M. Madderson s’est toutefois montré optimiste, disant espérer que le problème sera partiellement résorbé « d’ici la fin de la semaine ».