Bilan prévisionnel de RTE : l’offshore éolien a un impact
Un article de notre partenaire Les Energies de la mer.
RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité a présenté, jeudi 15 novembre son bilan prévisionnel, à la fois pour l’hiver à venir, mais aussi jusqu’en 2023. Un exercice de prospective qui « n’invente rien » et qui repose sur des hypothèses crédibles, a insisté François Brottes, le président de RTE.
Si RTE estime que, dans des conditions normales de températures, l’hiver 2018-2019 le système électrique est en mesure d’assurer l’approvisionnement en courant, le bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande à l’horizon 2023 passe en revue « les conditions du possible pour réussir la transition énergétique ».
Une transition énergétique qui passe par la fermeture des centrales au charbon, comme annoncée par le gouvernement (4 dernières centrales avant la fin du quinquenat*).
Cependant, RTE juge qu’avant 2020, la recommandation est claire : « le système électrique ne va retrouver des marges de manœuvre qu’à partir de 2020 afin de piloter la transition énergétique. RTE signale ainsi qu’il faut afin d’éviter de précariser l’équilibre offre-demande, maintenir jusqu’à cette date le parc existant. Avant donc, il serait risqué de fermer des centrales au charbon.
Mais l’éolien offshore dans tout çà ?
RTE présente un scénario de base pour la période conditionné à plusieurs paramètres : consommation stable impliquant une efficacité énergétique toujours meilleure, développement des énergies renouvelables, maîtrise du planning de la transition Fessenheim-Flamanville 3, durée des visites décennales du parc nucléaire, maintien de capacités gaz-fioul (Landivisiau doit démarrer en 2021 et des turbines à combustion doivent être maintenues), effacements fiables en hausse, mise en service de trois nouvelles interconnexions (deux avec le Royaume-Uni et une avec l’Italie) et enfin l’évolution des parcs des pays voisins.
Chaque paramètre pouvant varier, RTE souligne différentes variations et leurs conséquences potentielles sur l’équilibre du système. C’est là qu’intervient l’éolien offshore.
Ainsi, a signalé François Brottes, sur l’éolien offshore, l’issue de la renégociation sur les deux premiers appels d’offres portant sur 6 000 MW au total, la filière est en ordre de marche, ce qui « redonne des couleurs à la perspective » de voir arriver les premiers parcs en 2021, pour Saint-Nazaire et en 2022 pour Fécamp.
Dans une « variation », RTE souligne qu’un retard sur ces mises en service ne remettrait pas en cause la possibilité de fermer les centrales au charbon en 2022, comme prévu. Néanmoins, la tenue du calendrier de mise en service « facilite la fermeture des centrales au charbon » et « en particulier le raccordement du parc éolien de Saint-Nazaire constitue un levier supplémentaire pour le maintien de la tension en Bretagne et apparaît d’autant plus utile dans le cadre de la fermeture de la centrale de Cordemais », insiste RTE.
La question du raccordement et du réseau
RTE précise en outre que l’éolien offshore constitue un levier facilitateur de la transition énergétique. En effet, indique RTE, « à terme, le développement de la filière doit permettre d’atteindre des volumes d’énergie et de puissance plus importants (3 à 3,5 GW doivent être déployés d’ici 2025).
La contribution de ces capacités à la sécurité d’approvisionnement sera alors significative, l’éolien en mer bénéficiant d’un facteur de charge plus élevé et plus stable que les énergies renouvelables terrestres. »
Par ailleurs, RTE signale que l’éolien offshore pose des questions spécifiques en matière de raccordement et de développement du réseau.
Il s’agit donc de planifier ce développement de manière concomitante avec le réseau terrestre. « Le futur schéma de développement du réseau, actuellement en cours d’élaboration par RTE, en concertation avec les parties prenantes, traitera de cette question. Il proposera des principes d’aménagement pour mieux exploiter les synergies entre le réseau à terre et le réseau de raccordement des éoliennes en mer, et ainsi contribuer à la mise en service rapide des parcs », précise le gestionnaire du réseau de transport.
COMMENTAIRES
F. Brottes se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude : a-t-il enfin compris que l’éolien était incapable de garantir les pointes de consommation, tout simplement parce que le vent, même au large, n’est pas toujours présent !!!
Rappelons son CV : ancien journaliste devenu député PS « spécialiste » des questions énergétiques, il a été « bombardé » au poste prestigieux de patron du RTE par Hollande. Or ce poste demande des compétences techniques pointues pour faire des bilans et proposer des perspectives en matière de nouveaux moyens de production.
Ayant emporté avec lui des convictions dogmatiques défavorables au nucléaire à défaut de compétences solides en matière de réseaux électriques, il n’a eu de cesse que de prédire la baisse de la consommation d’électricité et recommander le développement d’énergies intermittentes (éolien, solaire) en remplacement de centrales nucléaires à arrêter définitivement. En cela il a tout faux !!
Sa responsabilité dans les décisions gouvernementales est grande, car il est le conseiller officiel du ministre en charge de l’énergie. Actuellement il se rend compte qu’il est allé trop loin dans ses recommandations et que l’éolien ne garantit aucunement l’équilibre production/consommation car il n’obéit qu’à la météo. D’où sa suggestion surprenante de conserver des centrales au charbon polluantes en service jusqu’en 2020 ! ! Bonjour les émissions de CO2 et la pollution ! Alors que le maintien en service de la centrale de Fessenheim éviterait ces rejets et sécuriserait le réseau, mais chut ! c’est tabou.
Si nous connaissons des délestages ou des pannes de courants générales cet hiver, il en sera grandement responsable et le gouvernement devra en tirer les conséquences logiques.
Votre « charge contre François Brottes mérite peut-être une réponse du directeur adjoint, dont les compétences réseau seront peut-être plus à même de vous contenter ? (j’en doute vu votre suffisant et lapidaire commentaire).
« Le bilan de RTE s’appuie sur un scénario de base assorti de variantes qui prennent en compte différentes évolutions des critères clés. Le scénario central prend en compte les dernières annonces relatives au parc nucléaire : mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche) en 2020, fermeture concomitante de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) à l’été 2020 et prise en compte du calendrier des arrêts prévisionnels de 16 réacteurs nucléaires EDF pour leur visite décennale.
RTE n’évoque pas de fermeture de réacteurs nucléaires avant 2023, en dehors de la paire de Fessenheim. Il y a un an, RTE estimait déjà qu' »il n’est pas possible » de fermer simultanément les centrales au charbon et les quatre réacteurs nucléaires qui atteindront 40 ans avant 2023. Il semble que ce scénario soit dorénavant acté. Aujourd’hui, l’entreprise va plus loin et étudie concrètement la fermeture des cinq unités au charbon, réparties sur quatre sites (Le Havre, Cordemais, Saint Avold-Carling, Gardanne). Elle propose un scénario qui prévoit l’arrêt de deux mi-2020, de deux autres en 2021 et de la dernière en 2022. Mais, si on en ferme cinq en 2022, ça marche aussi.
(Olivier Grabette, directeur général adjoint de RTE).