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La Russie met à l’eau la première centrale nucléaire civile du monde

Selon un groupe de chercheurs américains, la construction d’une centrale nucléaire flottante permettrait de réduire drastiquement les risques liés aux phénomènes naturels imprévisibles.

Arrimée au fond marin à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes, une telle centrale serait en effet rapidement déplaçable et refroidie instantanément par l’eau de mer.

Sans compter les avantages liés à l’alimentation électrique d’espaces reculés et dépourvus de réseau électrique.

C’est notamment pour ces raisons que de nombreux pays comme la France, le Japon et les États-Unis se sont intéressés à ce type de technologie au cours des dernières décennies. La Russie a récemment annoncé la mise à l’eau de sa première centrale nucléaire flottante, dans le port de Saint-Pétersbourg.

2 réacteurs à eau pressurisé de 70 MW de puissance

C’est dans la ville de Saint-Pétersbourg, en plein cœur des chantiers navals de la Baltique, que l’énergéticien russe Rosatom a achevé la construction de la première centrale nucléaire civile flottante au monde.

Baptisée Akademik Lomonosov (en l’honneur d’un célèbre scientifique russe qui a enseigné à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg avant de fonder l’Université de Moscou), cette unité de production électronucléaire aura nécessité un chantier de 10 ans et un investissement de 232 millions de dollars.

L’Akademik Lomonosov est équipée de deux réacteurs nucléaires à eau pressurisée KLT-40C, des modèles auparavant utilisés par Rosatom sur des brise-glaces à propulsion nucléaire.

Ces réacteurs affichent une puissance unitaire de 35 MW. La puissance de production totale de cette centrale flottante s’élève donc à 70 MW, soit 20 fois moins que les centrales de mêmes types installées sur terre.

Le navire en lui-même mesure 144 mètres de long pour 30 mètres de large.

Capable de transporter quelques 21.500 tonnes de matériel, l’Akademik Lomonosov peut embarquer un équipage de près de 70 personnes.

Il ne dispose cependant pas d’un système de propulsion autonome : avant de se mouvoir par ses propres moyens, le navire doit d’abord être chargé en combustible nucléaire.

Vers le premier approvisionnement en combustibles nucléaires

C’est pour cette raison que l’Akademik Lomonosov a débuté, le 28 avril dernier, un long périple par remorqueur.

Mis à l’eau dans le port de Saint-Pétersbourg, la centrale flottante va être transportée jusqu’à Mourmansk, un important port russe situé dans la mer de Barents, où elle sera approvisionnée en combustibles nucléaires. Rosatom mènera ensuite ses premiers tests « au cours de l’automne 2018 ».

Une fois ces opérations terminées et la fiabilité des réacteurs démontrée, Rosatom procédera à l’acheminement de l’Akademik Lomonosov jusqu’à la ville portuaire de Pevek, principale entrée maritime russe dans la mer de Sibérie Orientale.

La centrale nucléaire flottante aura pour mission de prendre le relai de deux unités de production d’électricité vieillissantes (la centrale à charbon de Chaunskaya et la centrale nucléaire de Bilibino).

Rosatom prévoit d’exploiter sa centrale flottante pendant 40 ans (avec possibilité de prolongation de 10 ans si les normes de sûreté sont respectées).

La puissance des deux réacteurs nucléaires devrait permettre de générer une électricité et une chaleur totalement décarbonée, capable de répondre aux besoins d’une ville de 100.000 habitants.

Un prototype fonctionnel mais améliorable

Rosatom espère mettre en service l’Akademik Lomonosov en 2019. En plus d’alimenter la ville portuaire de Pevek, elle assurera également l’alimentation électrique des « opérations d’extraction et de transformation d’hydrocarbures » effectuées par les plateformes pétrolières russes située dans la région. Enfin, le navire comprend également une usine de désalinisation ainsi qu’une foreuse.

L’Akademik Lomonosov est qualifié de « prototype » par les ingénieurs de Rosatom.

La Russie espère en effet parfaire ses processus industriels afin de réduire de moitié les coûts et les délais de construction de ces centrales nucléaires flottantes. Moscou envisage de lancer la construction d’une seconde centrale nucléaire flottante dès 2019.

Cette dernière pourrait être plus petite mais également plus puissante que l’Akademik Lomonosov.

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