Russie: les livraisons d’électricité à la Crimée au coeur d’une affaire d’espionnage (presse)
Une responsable du secteur électrique russe, arrêtée mi-juin dans une affaire d’espionnage, est soupçonnée d’avoir transmis des informations à la Roumanie sur les livraisons d’énergie vers la Crimée et des territoires séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, rapporte lundi le journal russe RBK.
Membre du comité de direction de la compagnie semi-publique d’électricité Inter-RAO, Karina Tsourkan, de nationalité roumaine et russe, a été arrêtée le 15 juin, selon plusieurs médias russes.
La semaine dernière, la justice avait confirmé aux agences de presse russe le placement en détention d’une femme portant son nom, sans livrer plus d’informations sur les charges la visant.
Mme Tsourkan est accusée d’avoir donné des informations « sur les négociations pour la livraison d’électricité à la Crimée et aux républiques du Donbass », a précisé le quotidien financier russe RBK, citant une source anonyme au sein des services de sécurité russes.
« Nous avons reçu des informations de la part du renseignement extérieur russe, selon lesquelles quelqu’un transmettait des informations à la Roumanie, membre de l’Otan, derrière qui pourraient se tenir les Etats-Unis », a déclaré cette source, accusant Mme Tsourkan d’être à l’origine de cette fuite d’informations.
Cette dernière « a duré plus d’un an », a indiqué la source de RBK, soulignant que Mme Tsourkan « avait les contacts de tous les hauts fonctionnaires russes en Ukraine ».
Mme Tsourkan transmettait « des informations politiques sur qui travaille avec nous (la Russie, ndlr) en Ukraine, en Corée du Nord, en Crimée et dans d’autres régions où nous fournissons de l’électricité, qui coopère, qui refuse, avec qui nous parlons, quels sont les problèmes, les stratégies », a par ailleurs ajouté cette source.
Le président russe Vladimir Poutine est « bien sûr » au courant de cette affaire, a indiqué lors d’une conférence de presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sans vouloir commenter davantage.
La péninsule ukrainienne de Crimée était presque totalement dépendante de l’Ukraine pour ses approvisionnements en électricité au moment de son annexion par la Russie en mars 2014.
Depuis, elle a subi à plusieurs reprises des coupures de courant, notamment fin novembre 2015 après le sabotage d’une ligne à haute tension venant du territoire ukrainien.
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Les coupures à répétition côté ukrainien ont poussé Moscou à construire un « pont électrique » vers la péninsule par le détroit de Kertch et à investir massivement pour moderniser ses infrastructures électriques.