Saint-Lô lance une flotte de vélos électriques à hydrogène
La France commence à se lancer dans l’aventure de la mobilité à hydrogène. Quelques jours après l’inauguration de la première station-service à hydrogène de l’aéroport de Paris-Orly, la ville de Saint-Lô (Manche), a annoncé la mise en service d’une flotte de vélos électriques propulsés par une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène. L’objectif est d’évaluer le déploiement à grande échelle de ce moyen de transport totalement respectueux de l’environnement.
Une flotte de vélos électriques à hydrogène dans la Manche
Dans un premier temps, le département de La Manche et la communauté d’agglomération « Saint-Lô Agglo » vont mettre une dizaine de vélos électriques à hydrogène à la disposition des employés de l’hôpital local et d’une entreprise de fabrication de carrosserie. L’utilisation des vélos à hydrogène sera ensuite étendue au grand public, lors d’une seconde phase prévue entre avril et octobre 2018. Cette expérimentation est menée grâce au soutien financier de l’Ademe. Elle est présentée comme une « première mondiale » par Pragma Industries, la société basée à Biarritz qui a conçu ces vélos.
« Nous en livrons vingt aujourd’hui dans la Manche, dix pour Saint-Lô et dix pour Cherbourg. Quarante autres seront livrés dans les prochains jours à la communauté d’agglomération Pays basque, à celle de Chambéry et en Ariège. On a des perspectives pour plusieurs centaines de vélos pour 2018 dans toute la France et à l’export[en Allemagne et au Danemark, ndlr] ,où nous sommes assaillis de demandes », explique Christophe Bruniau, directeur des ventes de Pragma Industries.
Produire de l’énergie 100% renouvelable
Ces vélos sont baptisés Alpha et sont catégorisés comme Vélo à Assistance Électrique. L’électricité nécessaire au moteur de 36 volts est produite grâce à un générateur d’énergie (une pile à combustible) qui combine de l’oxygène (prélevé dans l’air ambiant) et de l’hydrogène. Ce dernier est stocké dans un réservoir de 1,90 litre situé dans le cadre du vélo. Cette technologie renouvelable confère à l’Alpha une autonomie de 100 kilomètres (le double que la plupart des vélos électriques) pour un temps de recharge de 2 minutes maximum (contre 3 heures pour un vélo à assistance électrique classique).
« La pile à combustible consomme l’hydrogène pour produire de l’électricité de façon continue et recharger une batterie tampon intégrée dans le système. Cette batterie tampon permet alors d’alimenter le moteur pendant toutes les phases de roulage et notamment en conditions extrêmes d’utilisation (côtes, accélérations…). Le système d’énergie est conçu de telle sorte que la charge de la batterie tampon soit maintenue à un niveau suffisant pour assurer le bon fonctionnement du VAE », précisent les concepteurs du vélo.
Le réservoir se recharge quant à lui dans les stations à hydrogène dédiées à cet effet. Un de ces points de recharge a d’ailleurs été installé à Saint-Lô, près de l’Office du tourisme, sur la Plage Verte. Son fonctionnement est relativement simple. L’usager s’identifie sur l’écran de la borne puis connecte le flexible de recharge sur l’embout du vélo. Il n’y a plus qu’à attendre la fin du remplissage.
Une technologie d’avenir
La technologie à hydrogène présente un bilan carbone extrêmement réduit. « Les vélos sont constitués de composants toujours plus recyclables. Ainsi la pile peut-être entièrement recyclée, avec une empreinte carbone vingt fois plus faible qu’une batterie au lithium.[De plus] la pile du vélo fournit de l’électricité à partir d’hydrogène en ne rejetant que de l’eau pure et les stations de recharge peuvent produire l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables, comme l’éolien ou le solaire », explique Pierre Forté, le PDG de Pragma Industries.
Soucieux de favoriser le déploiement des moyens de transport à hydrogène en France, Pragma Industries espère même réussir à s’affranchir des stations de recharge dans un avenir plus ou moins loin. M. Forté espère en effet développer « un vélo qui fabrique l’hydrogène directement à l’intérieur du cadre, par réaction chimique entre une poudre et de l’eau ». À la suite d’une campagne de financement participatif centré sur ce projet, Pragma Industries a récolté 800.000 euros en à peine six semaines.
Enfin, la société basque compte également abaisser à 4.000 euros le coût de son vélo Alpha d’ici l’horizon 2020. Le prix actuel, 7.500 euros l’unité, fait en effet figure de véritable frein pour son adoption par le grand public et les entreprises.