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Le scénario « Rénovons ! » préconise d’accélérer la rénovation thermique

Le bâtiment, qui consomme près de 40% de l’électricité produite en France, est responsable chaque année de l’émission de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone : il s’agit de l’un des secteurs les plus polluants et les plus énergivores de notre économie. Améliorer l’efficacité énergétique et donc le bilan carbone des logements est un des axes de travail prioritaires du gouvernement dans le cadre de la transition énergétique pour la croissance verte : l’État prévoit notamment de favoriser la rénovation de 500.000 logements chaque année d’ici 2025 pour éliminer complètement les passoires énergétiques du parc immobilier français. Un objectif ambitieux mais qui ne sera cependant pas atteint sans un « grand plan » de rénovation. C’est du moins ce qu’affirme un collectif d’associations sociales et environnementales (parmi lesquelles la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, le CLER-Réseau pour la transition énergétique, le Réseau Action Climat) dans un scénario prévisionnel baptisé « Rénovons ! ».

Un rythme actuel de rénovation insuffisant

Le parc résidentiel privé français compte 7,4 millions de logements pouvant être qualifiés de passoires énergétiques en raison de leurs piètres performances. Le terme de passoire énergétique qualifie un logement particulièrement mal isolé, dans lequel il est difficile de se chauffer et dans lequel les dépenses liées aux consommations énergétiques sont plus élevées que la moyenne. Il s’agit des logements possédant une étiquette Énergie « F » ou « G ».

Dans le cadre de sa transition énergétique, et dans l’optique d’éliminer toutes ces passoires, la France s’est fixée l’ambitieux objectif de rénover 500.000 logements par an d’ici 2025, dont 130.000 habitations issues du parc privé et dans lesquelles résident des personnes à revenus modestes. Ce plan d’action doit, selon le gouvernement, permettre de réduire la précarité énergétique de 15% dès 2020.

Les auteurs de l’étude affirment cependant que les objectifs de la transition énergétique ne seront pas atteints si les chantiers de rénovation se maintiennent en l’état. « Au rythme actuel, de 288.000 rénovations par an, seules 50.000 passoires sont traitées et seulement 20.000 d’entre elles hébergent des ménages en précarité énergétique », explique Sabine Bardaune, consultante Energie & utilities chez Sia Partners.

Selon les calculs prévisionnels du scénario « Rénovons! », 500.000 passoires énergétiques auront été rénovées en 2025. Il en restera en revanche 6,6 millions encore à moderniser. Augmenter la tendance est donc indispensable si l’État veut atteindre ses objectifs. Et ainsi améliorer le quotidien des 2,6 millions de ménages modestes (soit près de la moitié des 5,8 millions de ménages tricolores en situation de précarité énergétique) qui résident dans ces passoires énergétiques.

« Rénovons! », un plan d’action plus ambitieux

Les auteurs de l’étude préconise la mise en place d’un plan de rénovation plus ambitieux qui débuterait dès cette année avec 500.000 rénovations. « Nous proposons que le rythme atteigne les 980.000 rénovations par an en 2021, au moment du pic, et que toutes les opérations visent le niveau d’étiquette D afin d’éradiquer la précarité énergétique ».

Ce plan d’action concerne aussi bien les propriétaires occupants que les bailleurs et se proposent d’augmenter les aides publiques des dispositifs de financement jugés les plus efficaces et les plus lisibles : hausse des subventions du programme Habiter mieux de l’Anah, élargissement du crédit d’impôt transition énergétique et maintien de l’éco-prêt à taux zéro.

« Nous parviendrons jusqu’à 79 % de prise en charge pour les ménages les plus modestes, contre 30 % au maximum actuellement », estime Mme Bardaune.

Un tel plan nécessite un investissement total de près de 80 milliards d’euros sur 8 ans. 44 milliards de ce montant proviendraient des propriétaires occupants ou bailleurs (financements issus du secteur privé) alors que l’État devrait contribuer à hauteur de 36 milliards (financement public). L’étude « Rénovons! » estime que cela représente un investissement public de 4,5 milliards par an : 3 milliards étant actuellement dépensés annuellement, l’effort budgétaire supplémentaire se chiffre à 1,5 milliards d’euros par an.

Des bénéfices environnementaux, sanitaires… et économiques

Selon les calculs  de l’étude, l’ambitieux scénario « Rénovons ! » permettrait de réduire de 12,5% les émissions de gaz à effet de serre du secteur résidentiel à partir de 2026. Cela serait notamment rendu possible grâce à des économies d’énergie de 41 TWh chaque année (soit 7,5% de la consommation du secteur résidentiel tricolore).

À ces bénéfices énergétiques et environnementaux se rajoutent des bénéfices économiques. Les investissements publics seraient intégralement récupérés à l’horizon 2043, grâce à une hausse des recettes fiscales et à la relance économique générée par l’activité et l’amélioration du niveau de vie des ménages. Pour mener à bien le scénario « Rénovons! », il sera par exemple nécessaire de créer quelques 126.000 emplois nets sur la période 2017-2025. Cela entrainera de nouvelles recettes fiscales et diminuera le chômage. À cela s’ajoute des économies de l’ordre de 758 millions d’euros par an, grâce aux économies de dépenses de santé dont certaines maladies sont liées au mal logement.

Pour les ménages français en situation difficile, l’investissement nécessaire pour compléter les aides publiques n’est pas négligeable : pour une famille avec deux enfants dont les ressources ne dépassent pas les 16.500 euros par an, il s’agira d’investir 4.400 euros pour des travaux de 21.000 euros. Soit un quart des revenus annuels. Le temps de retour sur investissement est cependant plus court, dès 4 à 6 ans après l’investissement, grâce à des économies énergétiques moyennes de 512 euros par an.

« La mise en œuvre de ce plan doit donc être considérée comme une nécessité d’investissement d’avenir en raison des multiples bénéfices qu’il génère, dont certains restent encore à quantifier. Au regard de ces coûts, raisonnables pour la société, ce plan apparaît incontournable dans une logique de juste investissement public », conclut l’étude « Rénovons ! ».

Crédit photo : DR

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