Le secteur aérien britannique promet la neutralité carbone pour 2050

Le secteur aérien britannique a promis mardi d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, grâce à des projets d’avions moins polluants et aux controversés mécanismes de compensation, ce que les ONG considèrent comme de la poudre aux yeux.

Cet engagement à réduire les émissions carbone est porté par l’organisation Sustainable Aviation (Aviation durable) qui regroupe notamment l’aéroport londonien d’Heathrow, les compagnies aériennes British Airways et EasyJet, les constructeurs Airbus et Boeing ou encore le motoriste Rolls-Royce.

Ces groupes assurent pouvoir respecter cet objectif, qui est également celui fixé par le Royaume-Uni pour l’ensemble du pays, malgré la forte croissance de 70% du trafic aérien attendue d’ici 2050.

Le secteur mise sur l’utilisation d’avions et de moteurs plus efficaces et moins gourmands en énergie ou encore le recours à des carburants qui utilisent moins de pétrole, même si souvent les technologies n’existent pas encore dans le secteur.

Les industriels réfléchissent à des projets d’avions électriques, comme EasyJet qui travaille sur le sujet avec la société américaine Wright Electric. Un moteur est en développement pour équiper un avion de 186 places avec l’espoir de faire de premiers essais de vols en 2023.

En outre, la baisse des émissions passera par la « compensation carbone », qui représentera à elle seule le tiers des réductions prévues, souligne Sustainable Aviation.

Ce mécanisme, très décrié par les ONG qui estiment qu’il s’agit de « greenwashing », consiste à soutenir des projets verts, notamment dans la reforestation ou les énergies renouvelables, et de compenser ainsi les émissions de CO2.

De son côté, l’association ADS, qui représente la filière aéronautique britannique, a souligné que « le changement climatique est un défi mondial », suggérant que des initiatives à l’échelle d’un pays ne suffiront pas.

« La grande majorité de la croissance dans l’avion et du nombre de passagers prévue dans les 50 prochaines années viendra en fait dans des régions en dehors de l’Europe et du Royaume-Uni », a souligné son directeur général Paul Everitt, interrogé sur la radio BBC 5.

Greenpeace a quant à elle accueilli avec beaucoup de scepticisme les promesses du secteur qualifiant la stratégie de « chimère ».

« La compensation carbone est simplement une excuse pour continuer comme si de rien n’était en faisant porter la responsabilité sur d’autres », estime John Sauven, directeur général de l’ONG pour le Royaume-Uni.

Selon lui, le seul moyen de réduire les émissions est de maîtriser la demande en taxant les voyageurs qui utilisent souvent le transport par avions. « Mais le secteur ne veut pas l’envisager », regrette-t-il.
jbo/ved/sl

 

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