Ségolène Royal veut "une filière forte du nucléaire"
Interrogée sur la situation de la filière nucléaire française au regard des difficultés que rencontre actuellement le groupe industriel Areva, la ministre de l’Environnement, du Développement durable et de l’Energie s’est déclarée confiante pour l’avenir et favorable au développement de synergies entre les grands acteurs de la filière nucléaire.
Si la ministre admet que « la situation est difficile » pour la groupe Areva, elle estime néanmoins que des solutions sont possibles et que des synergies entre les groupes Areva, EDF et le Commissariat à l’énergie atomique pourraient aider à renforcer la filière nucléaire française.
« Ma préoccupation en tant que ministre chargée de l’Energie c’est de constituer une filière forte du nucléaire en créant des synergies et cela, c’est très nouveau, entre EDF, Areva et le Commissariat à l’énergie atomique« , a déclaré à la presse Ségolène Royal.
Areva a annoncé ce lundi 23 février, une perte nette approchant les cinq milliards d’euros pour 2014, plombée par des pertes de valeurs et plusieurs provisions. Des pertes colossales qui posent la question d’une éventuelle augmentation de capital par l’Etat pour reconstituer les fonds propres du groupe. Augmentation encore hypothétique que la ministre n’a pas souhaité commenter.
En 2013, Areva avait déjà été déficitaire, mais ses pertes ne dépassaient pas les 500 millions. Le groupe, dont l’Etat contrôle près de 87 % du capital, a rappelé en parallèle « qu’il travaillait à l’élaboration d’un plan de compétitivité et d’une feuille de route stratégique et financière qui feront l’objet d’un point spécifique le 4 mars lors de la présentation des résultats annuels ».
La ministre a également réagi à l’amendement du Sénat concernant l’échéance sur l’objectif de 50 % de nucléaire dans le mix électrique. « La date n’est plus précisée, en effet, mais d’une certaine façon, elle se trouve dans la loi puisque la part de 40 % d’énergies renouvelables dans l’électricité a été votée pour 2030« , a déclaré la ministre qui se refuse à polémiquer.
Rappelons ici que les sénateurs ont modifié l’article sur la réduction de la part du nucléaire en remplaçant la date limite de 2025 par une simple mention « à terme » laissant ainsi beaucoup plus de marge de manœuvre au gouvernement. Il ont également relevé le plafonnement de la puissance nucléaire de 63,2 GW à 64,85 GW afin de pas contraindre EDF à ferme une centrale au moment de la mise en service de l’EPR de Flamanville, en 2017.
Crédits photo : Guillaume Paumier
COMMENTAIRES
Sans soutien massif de l’Etat, le nucléaire n’a jamais été viable dans le monde. La situation est encore plus difficile pour cette industrie alors que le coût démesuré des nouveaux réacteurs rend l’électricité future produite par ceux-ci bien trop chère.
Une petite comparaison entre les tarifs d’achat de l’électricité nucléaire EPR (future) en Grande-Bretagne et l’électricité solaire en Allemagne.
http://energeia.voila.net/electri2/nucle_gb_solaire_de.htm
Le tarif pour le futur nucléaire anglais étant indexé sur l’inflation depuis 2012, il est passé de 92,5£ en 2012 à 97£ en 2014, soit 117 €/MWh avec le taux de change de l’époque ( 132 €/MWh au taux actuel).
En Allemagne, le tarif d’achat photovoltaïque est aujourd’hui de 109 €/MWh pour une installation moyenne de 40 à 500 kWc et de 91 €/MWh pour une installation de plus de 500 kWc.
En France, le coût futur de l’électricité EPR était estimé à 107 €/MWh en décembre 2012. Mais ce sera bien davantage lors de sa mise en service commercial fin 2017 ou début 2018, puisque le coût de construction aura augmenté avec l’accumulation des retards.