Sobriété énergétique : et si décarboner rimait avec compétitivité ?
Une tribune signée Antoine Meffre, fondateur et Président Directeur Général de Eco-Tech Ceram.
Et si l’augmentation du prix des énergies fossiles favorisait la transition énergétique en incitant les industriels à opter pour la décarbonation, chaque jour plus rentable, et en motivant l’État à intensifier son soutien à la transition énergétique ?
Tensions géopolitiques et reprise économique post COVID
Au plus haut depuis 2014, le prix du pétrole a été multiplié par 3 en 2 ans. Cette flambée est liée à trois facteurs clés : le retard de l’industrie pétrolière face au redémarrage des économies mondiales post-pandémie ; le prochain embargo sur le pétrole russe ; et enfin, la raréfaction inéluctable des ressources finies qui augmente inévitablement leur coût. Ceci d’autant plus que les gisements les plus accessibles ou qualitatifs étant épuisés, le coût d’extraction augmente. L’énergie sera donc de plus en plus chère, ce qui réduit son taux de rendement énergétique (TRE), exposant les sociétés à un risque de récession économique[1] .
Une augmentation chaotique du prix des énergies fossiles qui pénalise les industriels
Le secteur industriel est concerné, particulièrement les industries consommatrices intensives d’énergie, tels que les secteurs de la métallurgie, de la céramique et du verre. En 2017, les consommations d’énergies de ces industries représentaient 10 à 20% de leur coût de production[2] . En 2019[3] , elles couvraient jusqu’à 175% de l’excédent brut d’exploitation (EBE) de la métallurgie. Ces coûts sont voués à augmenter fortement, menaçant la viabilité financière de ces industries : leurs dirigeants doivent anticiper cette évolution en urgence.
Décarboner pour accroître sa compétitivité
20% des émissions de CO2 sont produites par l’industrie et directement liées à sa consommation d’énergie fossile. Or, l’industrie perd dans ses fumées plus d’un tiers de l’énergie qu’elle consomme : la valorisation de cette chaleur perdue, dite « chaleur fatale », est une solution à mettre en œuvre de toute urgence. L’étude de l’ADEME « Vision 2030-2050 » estime que ces consommations pourraient diminuer de 20% grâce à des actions d’efficacité énergétique. D’après l’ATEE, les 3/4 de ce potentiel d’économies est atteignable avec des solutions éprouvées : il est temps de les mettre en œuvre !
La problématique de l’investissement dans des solutions d’efficacité énergétique
Malheureusement, il existe des freins majeurs à l’investissement. Les industriels mobilisent prioritairement leur capacité d’investissement sur leur cœur de métier afin de ne pas détériorer leurs ratios financiers. Lorsqu’ils investissent en fonds propres, ils ont une exigence très forte sur le temps de retour des installations. Celui-ci doit être inférieur à 2-3 ans. Enfin, il y a un manque de compétence en interne en maîtrise de l’énergie, qui est généralement une fonction annexe des postes HSQE[4] .
Les trois principaux leviers préconisés pour vaincre ces freins sont : l’établissement de garanties de performance énergétique, la sortie des investissements des bilans comptables, et la mise en place d’offres intégrées par des prestataires qui fournissent les solutions. Face à la rentabilité des opérations, de plus en plus de sociétés de tiers investisseurs prennent en charge ces investissements à la place des industriels. Ces derniers peuvent ainsi acheter de la chaleur décarbonée et compétitive, faisant des économies dès la 1ère année sans aucun investissement ni aucun risque.
Ces actions répondent à la demande des 80% des dirigeants de PME-ETI qui se sentent concernés par les objectifs de baisse des émissions carbone[5] . Ces derniers pourront ainsi faire face à la volatilité des prix de l’énergie, mieux contrôler leurs marges et améliorer leur compétitivité.
Une nécessaire évolution de la législation pour catalyser le changement
La France subventionne les énergies renouvelables et de récupération, mais demeure en retard par rapport aux objectifs de neutralité carbone en 2050, fixés par la COP21[6] . L’État doit donc intensifier son soutien et motiver les chefs d’entreprises à franchir le pas de la décarbonation. Une des pistes consiste à abaisser le seuil du nombre de salarié à partir duquel l’audit énergétique deviendrait obligatoire et à rendre les études de faisabilité technique et économique obligatoire à partir de 260 salariés.
Autre piste, mieux subventionner les industries qui atteindraient ou dépasseraient un seuil minimal de chaleur fatale récupérée, comme c’est le cas pour les réseaux de chaleur. Le fonds chaleur et les CEE devraient être cumulatifs (comme pour les PAC) et subventionner les solutions jusqu’à atteindre un temps de retour économique de 24 mois. Enfin, pourquoi ne pas abaisser le seuil d’émission de CO2 afin que plus d’entreprises soient soumises à la taxe carbone, et en contrepartie diriger en priorité la commande publique vers des produits issus de pays soumis aux mêmes règles ?
En diminuant ses importations d’énergie, notre pays réduira sa dépendance. Nous sommes face à une situation gagnant-gagnant : en aidant les industriels à réduire leur facture énergétique grâce à la décarbonation, et donc à accroître leur compétitivité, la France favorisera la réindustrialisation souhaitée par le plan France Relance. Les emplois et le pouvoir d’achat seront préservés. En outre, les émissions de CO2 seront réduites, contribuant à limiter le dérèglement climatique. Nous prendrons ainsi nos responsabilités et tiendrons nos engagements vis-à-vis des générations futures.
[2] Source ATEE
[3] https://lelab.bpifrance.fr/thematiques/tendances-economiques-et-sectorielles/les-entreprises-face-a-la-hausse-des-prix-du-gaz-et-de-l-electricite
[4] Qui sont les référents énergie dans l’industrie française ? (ATEE) – HSQE : Hygiène, Sécurité, Qualité, Environnement
[5] Les dirigeants de PME face à l’urgence climatique (BPI-Le Lab)
COMMENTAIRES
Cet homme là veut mettre plus de contraintes aux entreprises pour les sauver !
La réindustrialisation avec cette méthode (qui n’en est pas une) n’est pas pour demain surtout avec ce type d’individu qui n’a jamais mis les mains ds le cambouis pour apprendre à vivre et à travailler ds la vraie vie et la vraie industrie.
En juin 2008, le baril de Brent était à 140 $. En février 2009, il était à 46 $.
En mars 2011, le baril de Brent était à 126 $. En juin 2014, il était à 112 $, pour plonger à 35 $ en janvier 2016.
Après être remonté à 83 $ en septembre 2018, il a replongé à 23 $ en mars 2020. Fin de la guerre des prix qui a duré six ans : retour à la normale.
En mars 2022, le Brent à atteint 123 $, puis 96 $ une semaine plus tard.
Avec diverses oscillations, il est passé à 121 $ en juin et 95 $ huit jours plus tard, oscillant entre 94 $ et 100 $ depuis début août 2022.
La phase actuelle est celle des prix élevés, à cause de coûts de production élevés, et du déclin inexorable de la production du pétrole « classique ». La guerre des prix n’a pas été concluante, les fondamentaux reprennent le dessus.
Le pic de production du brut s’est produit en 2006, comme l’IEA l’a annoncé un peu plus tard. Celle-ci a depuis annoncé un pic de production « tous liquides » vers 2025. La Russie a annoncé il y a deux ans être proche de son pic de production. L’Arabie annonce son pic de production vers 2027.
Les vieux gisements géants s’épuisent, malgré les injections diverses pour les renflouer. Les découvertes sont rares et pour des gisements à la fois dérisoires et difficiles à exploiter.
Par ailleurs, l’individu qui prétend avoir « mis les mains dans le cambouis » a surtout un esprit englué dans le passé, aussi bien celui du pétrole que celui du nucléaire.
Ce monsieur plaide pour son petit business à lui. Il voudrait que l’état subventionne les industriels qui feraient appel à son système, ben voyons!
On ne peut nier que l’auteur prêche pour sa paroisse, mais l’idée de favoriser de manière active les entreprises qui s’orientent vers une activité industrielle moins carbonée est un levier intéressant. C’est une contrainte pour les entreprises qui ne veulent pas bouger, mais une opportunité pour les autres. C’est aussi un moyen de favoriser une des pratiques où l’Europe est en avance, celle de la décarbonation, mais il est indispensable de créer un outil capable de mesurer l’empreinte carbone des produits importés et de reporter la taxe carbone sur ces produits. Pas simple, mais c’est une fonction qui peut se faire via le marché carbone (ETS). Au final, accroître la pression fiscale sur des produits peu performants et la relâcher sur ceux ayant une faible empreinte ne peut qu’aller dans le bon sens et favoriser les économies ayant misé sur la décarbonation. Ce pourrait être un avantage compétitif, un protectionnisme vertueux en quelque sorte.
C’est vrai le virtuel c’est l’avenir mais il se fera avec du fossile et ses dérivés !
Nota, le fossile (pétrole, charbon, lignite et gaz) est très polluant et la planète se porterait bien mieux s’il n’existait pas, mais malgré tous ces défauts et vos comptes d’apothicaire, nous voyons l’UE et l’Allemagne en particulier pleurer pour en avoir car elle engluée ds un mix énergétique résultant de décennies d’influence verte qui va la priver d’avenir et l’amener à l’appauvrissement énergétique en ns entrainant ds sa chute..