Technologie de production d’électricité qui a indéniablement le vent en poupe, le solaire flottant permet de valoriser énergétiquement les surfaces foncières bien souvent inexploitées que représentent les étendues d’eau artificielles.

Barrages, réservoirs industriels, sites de traitement de l’eau, bassins aquacoles : comme de nombreux autres pays, la France dispose d’une quantité importante de sites adaptés au développement de projets photovoltaïques flottants.

À l’heure où la France multiplie les sources d’énergies renouvelables, plusieurs producteurs se positionnent dans ce secteur.

Des panneaux solaires déployés sur un lac d’irrigation

C’est à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Lyon, à Mornant, que le premier parc solaire flottant de la région Auvergne-Rhône-Alpes est en train de voir le jour.

La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) et le Syndicat Mixte d’Hydraulique Agricole du Rhône (SMHAR) ont en effet décidé de s’associer pour le déploiement d’un projet de production d’électricité renouvelable sur le lac de la Madone, un lac d’irrigation situé au cœur des Monts du Lyonnais.

En avril dernier, les porteurs de projet ont déployé une plateforme flottante de 2.500 m2 recouverte de 630 panneaux photovoltaïques.

Assemblée sur les berges du plan d’eau, cette vaste installation a ensuite été remorquée puis fixée au centre au moyen de 7 ancres et 19 lignes d’ancrage en acier.

Enfin, elle a été raccordée au réseau électrique française grâce une ligne de courant continu subaquatique. D’une puissance totale de 230 kWc, cette installation solaire devrait pouvoir couvrir les besoins en électricité de 57 foyers grâce à une production annuelle de 250 MWh.

Un démonstrateur technologique en vu d’un développement industriel

Il s’agit du premier projet solaire flottant développé par la CNR. Vu comme un véritable démonstrateur technologique, le parc photovoltaïque de la Madone a en effet permis à l’énergéticien français de tester les diverses technologies solaires flottantes existantes : l’objectif étant un déploiement plus important de cette innovation dans les prochaines années.

« L’intérêt pour la CNR de ce projet pilote est la mise en œuvre de cette technologie qui débute tout juste en Europe et de montrer sa compatibilité avec d’autres usages. Le but est de déployer cette innovation à une échelle plus industrielle sans entrer en concurrence avec d’autres usages », a expliqué le chef de projet, Nicolas Dalisson, lors d’une conférence de presse.

La CNR a d’ailleurs annoncé avoir d’ores-et-déjà identifié d’autres plans d’eau propices au développement de projets solaires flottants. Et notamment dans la Drôme où une ancienne gravière pourrait accueillir dans les prochains mois une centrale flottante de 30 hectares.

Des projets émergent partout en France

Au début des années 2000, le Japon était le seul pays à s’intéresser aux technologies solaires flottantes. Confronté à un manque d’espace disponible pour le déploiement de ses centrales solaires au sol, le Pays du Soleil Levant s’est en effet tourné vers d’autres types de surfaces disponibles pour y installer ses panneaux photovoltaïques et notamment ses étendues d’eau.

Aujourd’hui, les projets solaires flottants fleurissent aux quatre coins du monde.

Si la Chine apparait comme le leader mondial du solaire flottant (avec des projets de plus en plus immenses), l’Australie, l’Inde et même la Belgique ont décidé de se lancer dans ce secteur qui permet de revaloriser des surfaces foncières énergétiquement inexploitées.

La France n’est pas en reste dans le domaine. Ces dernières années, plusieurs producteurs d’énergie ont décelé le potentiel de développement du solaire flottant en Hexagone et se sont positionnés sur ce marché en devenir.

C’est notamment le cas du groupe EDF, dont la filière dédiée aux énergies renouvelables a été sélectionnée en août 2018 par le ministère de la Transition écologique pour la construction d’une centrale solaire flottante dans les Hautes-Alpes, sur la retenue d’eau de Lazer.

De plus, l’électricien dispose d’un potentiel de développement énorme grâce à son activité de producteur d’énergie renouvelable : les centaines de retenues d’eau nécessaires à l’exploitation des 20 GW de barrages hydrauliques exploités par EDF représentent en effet un vaste potentiel pour le déploiement de centrales solaires flottantes.

À condition de ne pas entrer en conflit avec d’autres usages et de ne pas perturber les écosystèmes aquatiques.

Plus récemment, la société Akuo Energy a déployé la plus grande centrale solaire flottante de France : ce ne sont pas moins de 17 MW de panneaux qui ont été disposés à la surface plane d’une ancienne carrière de granulats située dans la ville de Piolenc, à quelques kilomètres d’Orange.