Sonatrach et Total vont créér le 1er complexe pétrochimique d’Algérie
Une entreprise conjointe alliant le géant public algérien des hydrocarbures Sonatrach et le groupe français pétrolier Total va construire le premier complexe pétrochimique d’Algérie pour y produire du polypropylène.
L’investissement sera de l’ordre de 1,4 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros), selon Sonatrach.
Les PDG des deux entreprises, Abdelmoumen Ould Kaddour et Patrick Pouyanné, ont signé dimanche à Alger le pacte d’actionnaires de la société commune, Sonatrach Total Entreprise Polymères (Step), détenue à 51% par Sonatrach et à 49% par Total, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’Algérie est le 3e producteur de brut d’Afrique et le 9e producteur de gaz mondial.
La Step va construire et gérer un « complexe de déshydrogénation du propane et de production du polypropylène » à Arzew près d’Oran (nord-ouest), où se trouve une raffinerie et un complexe de liquéfaction de gaz.
Sonatrach fournira annuellement, à partir des installations de GPL à Arzew, les 640.000 tonnes de propane nécessaires à la production de 550.000 tonnes de polypropylène par an, que Step se chargera également de commercialiser.
La déshydrogénation du propane permet de produire du propylène, matière première du polypropylène, plastique utilisé par de nombreuses industries (textile, pharmacie, automobile, films plastiques et emballage…).
Actuellement, l’Algérie « importe 100% de (ses) besoins » en polypropylène, a souligné M. Ould Kaddour. « Ce sont des factures assez lourdes, de centaines de millions de dollars chaque année », a-t-il dit alors qu’Alger cherche à préserver ses réserves en devises, sérieusement entamées ces dernières années par la baisse des prix du pétrole.
Les études d’ingénierie seront lancées en novembre, selon Total et Sonatrach. M. Ould Kaddour a estimé que le complexe devrait commencer à fonctionner d’ici « 40 à 50 mois ».
Sonatrach prévoit aussi la construction d’une usine de polypropylène en Turquie, a dit son PDG. Les discussions avec un « partenaire turc » sont « bien avancées, logiquement, avant la fin de l’année, on aura signé », a-t-il indiqué, précisant que Sonatrach serait actionnaire à 30% et fournirait 450.000 tonnes annuelles de propane pendant une dizaine d’années.
Un projet similaire avec le géant italien ENI est en discussions, a-t-il ajouté.
Total et Sonatrach ont également signé un contrat d’exploitation conjointe (Sonatrach 51%, Total 49%) sur 25 ans d’un champ gazier, dont les réserves sont estimées à 100 millions de barils équivalent pétrole (bep), pour un investissement d’environ 400 millions de dollars.
Le champ est situé dans la zone Tin Fouyé Tabankort Sud (TFT-Sud), à 20 km du site gazier de Tin Fouyé Tabankort et à 1.200 km d’Alger. Le consortium Sonatrach-Total-Repsol, qui l’exploite depuis 1999, y a déjà investi plus de 1,2 milliard de dollars.
TFT-Sud fait partie « des gisements mineurs qui, s’ils sont pris seuls, ne peuvent pas être rentables économiquement », a expliqué le PDG de Sonatrach, d’où l’idée de le « connecter » au champ de TFT et d’utiliser « les installations existantes de TFT ».
« C’est pour ça que l’investissement (…) est de 400 millions de dollars seulement » contre 1 à 1,5 milliard sur un terrain vierge, a-t-il souligné.
Par ailleurs, le PDG de Sonatrach a annoncé que des discussions avec Total étaient en cours pour le renouvellement des contrats de négoce international de gros de GNL (gaz naturel liquéfié), dont le géant français a hérité en rachetant fin 2017 les activités amont d’Engie dans le secteur du GNL.
Ces contrats seront « logiquement » renouvelés avant la fin de l’année, a assuré M. Ould Kaddour, précisant que Total était « très intéressé par le renouvellement de ces contrats ».
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