Sortie du charbon: RWE prévoit des « suppressions d’emplois significatives »
Le groupe énergétique allemand RWE table sur des « suppressions d’emplois significatives » liées à l’abandon programmé du charbon d’ici 2038 dans le pays, a déclaré lundi son patron Rolf Martin Schmitz.
« Je m’attends déjà à une réduction significative d’ici 2023, qui va bien au-delà des plans précédents et des fluctuations normales », annonce-t-il dans le quotidien Rheinische Post, deux jours après le rapport d’une commission gouvernementale sur la sortie du charbon.
Cette commission recommande un arrêt au plus tard en 2038, mais susceptible d’être avancé à 2035, de l’exploitation du charbon pour produire de l’électricité en Allemagne, alors qu’il représentait l’an dernier 37% du courant produit.
RWE, principal exploitant de centrales à charbon, alerte depuis des années sur l’impact d’un tel virage énergétique sur l’emploi, dans des régions par ailleurs sinistrées, mais aussi sur la sécurité énergétique.
Le groupe rhénan basé à Essen ne peut chiffrer dès maintenant les postes menacés, mais appelle d’ores et déjà à un soutien politique « vigoureux et fiable » pour accompagner la transition, passant par un soutien financier aux régions concernées et une indemnisation des exploitants, deux points que le gouvernement doit prochainement préciser.
La sortie programmée du charbon vise à permettre à l’Allemagne de respecter ses objectifs climatiques, alors que le pays a d’ores et déjà reconnu qu’il ne réduirait pas ses émissions de gaz à effet de serre autant qu’il s’y était engagé à l’horizon 2020.
La sortie du nucléaire d’ici 2022, décidée en 2011 par la chancelière Angela Merkel, a accru la dépendance allemande au charbon, source d’énergie à la fois fiable et très bon marché, stimulant en particulier l’extraction très polluante de lignite dans de vastes mines à ciel ouvert.
L’abandon de cet « or brun » représente à la fois un défi social, obligeant à la reconversion de vastes zones rurales dépourvues d’autres employeurs majeurs, et un problème d’approvisionnement: les énergies renouvelables sont certes montées en puissance, mais produisent de façon intermittente, souvent loin des principaux centres économiques, et représentent un surcoût endossé jusqu’à présent par les consommateurs.
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