Stockage carbone: NetZero inaugure une grande usine de biochar au Brésil
La start-up française NetZero, spécialisée dans le stockage carbone de long terme grâce au biochar, un charbon produit à base de résidus végétaux, a inauguré jeudi au Brésil l’un des plus grands sites de production au monde.
Dans l’Etat du Minas Gerais (sud-est), l’entreprise cofondée notamment par le climatologue Jean Jouzel et Axel Reinaud, ancien membre du Boston Consulting Group (BCG), transformera chaque année 16.000 tonnes de résidus de la culture du café en ce charbon aux vertus climatiques et agronomiques.
10.000 planteurs de la coopérative locale Coocafé fourniront leurs déchets agricoles, issus du décorticage, qui sont habituellement brûlés. Ils seront transformés en biochar à très haute température par le processus de pyrolyse, qui permet de séquestrer le carbone stocké dans les végétaux et d’empêcher son rejet dans l’atmosphère.
Capable de retenir l’eau, les nutriments, et de limiter le recours aux engrais en améliorant la productivité des sols, ce biochar, dont les avantages sont reconnus par les experts climats de l’ONU, sera enfoui dans « les mêmes champs » de café, a expliqué Axel Reinaud à l’AFP.
L’usine basée à Lajinha, la première en Amérique du Sud, a été construite en six mois. Sa capacité annuelle de production dépassera les 4.500 tonnes de biochar, ce qui permettra de stocker près de 6.500 tonnes d’équivalent CO2.
Il s’agit, selon M. Reinaud, de la « plus grande usine de production de biochar à partir de résidus agricoles dans le monde ». D’autres usines de taille plus conséquente existent en Amérique du Nord, mais leur biochar est issu de résidus forestiers, comme la sciure de bois.
L’entreprise prévoit de construire deux autres sites au Brésil d’ici la fin de l’année.
Fondée en 2021, la start-up s’est spécialisée dans la production de biochar en zone tropicale, où la biomasse est abondante, bon marché, et peu valorisée. Les sols y sont « généralement pauvres, acides » et abîmés par la déforestation.
En février, la société a levé 11 millions d’euros auprès de trois grands groupes industriels, Stellantis, L’Oréal et CMA CGM.
Quelques mois auparavant, le modèle de NetZero avait été sélectionné comme l’un des 15 projets les plus prometteurs au monde pour le stockage de carbone lors du concours Xprize Carbon Removal de la fondation d’Elon Musk.
La start-up, qui a construit sa première usine au Cameroun en novembre 2021, s’est fixé l’objectif d’atteindre deux millions de tonnes de CO2 stockées par an d’ici 2030.
COMMENTAIRES
ça ressemble à du charbon de bois ce « biochar »🤣
Avec Jean Jouzel dans l’affaire, c’est sûr que ça va cartonner.
ça ressemble à du charbon de bois ce « biochar »🤣
Avec Jean Jouzel dans l’affaire, c’est sûr que ça va cartonner.
Vu la transformation à très haute température, je serais intéressé de connaître le bilan global du truc.
Et, à long terme, que devient de « charbon de bois » dans le sol.
Il doit bien finir par de décomposer … en CO2 ?
@Hervé Guéret,
Oui, le biochar (ou « charbon de bois » spécial) se décompose dans les sols mais à priori avec une demi-vie en dizaines d’années suivant les sols (et l’activité biologique de ces sols), donc le carbone reste longtemps dedans comparativement à de la biomasse standart qui « disparait » vite en CO2 en grosses proportions… Ce ne sera pas éternel mais c’est mieux que rien et les apports agronomiques sont positifs d’après pas mal d’études scientifiques…
Sinon, la pyrolyse crée du SynGaz qui sert à entretenir la chauffe dans certains systèmes de Biochar sans trop émettre de CO ou de CH4 issus de la pyrolyse… Mais il faut un peu d’énergie pour amorcer la « réaction », qui peut être du bois…
Bien fait, le biochar par rapport au charbon de bois c’est un peu comme un feu de cheminée dans un bon insert versus un foyer ouvert… (le rendement ne sera pas de 100% mais bien plus élevé qu’avec les méthodes de l’ancien temps et avec moins de « pollution »)