La Suède inaugure une route électrique baptisée eRoadArlanda
Pour atteindre ses objectifs de transition énergétique, la France va devoir apporter des changements profonds dans certains secteurs clé de son économie.
Le transport fait partie de ces secteurs où des technologies de ruptures peuvent contribuer à une amélioration radicale du bilan carbone.
Moteur 100% électrique, biocarburant, route couverte de cellules solaires, pneu capable d’absorber le dioxyde de carbone… À la lumière des avancées technologiques, le secteur du transport cherche depuis de nombreuses années à se renouveler et à réduire son impact néfaste sur l’environnement.
Un système de recharge pour véhicules électriques
Le gouvernement suédois a inauguré en mars dernier ce qu’il a qualifié de première route électrifiée du monde. Baptisé eRoadArlanda, ce projet ambitieux consiste à implanter un système de recharge pour véhicule électrique directement dans le revêtement d’une voie de circulation.
Les voitures et les camions équipés d’un dispositif de connexion peuvent ainsi être alimentés en électricité lorsqu’ils parcourent cette « route électrique« .
Ce dispositif est largement inspiré par le système qui permet aux tramways de circuler.
Concrètement, il s’agit d’implanter sur la partie centrale d’une voie de circulation un rail électrifié (relié à un réseau électrique) sur lequel vient se connecter un patin mobile installé sous le châssis d’un véhicule.
L’ensemble de ce système permet de faire transiter directement l’électricité d’un réseau au système de propulsion d’un véhicule et d’ainsi régler la problématique de l’autonomie.
Le patin mobile de l’eRoadArlanda est équipé d’un capteur qui détecte la présence du rail, s’y connecte et permet ainsi au véhicule d’être alimenté en électricité lorsqu’il roule.
Il est également capable de détecter la trajectoire du véhicule : en cas d’arrêt, de dépassement ou de souci technique, il se rétracte automatiquement. Le système est donc entièrement sécurisé et ne présente aucun danger d’électrocution.
« Il n’y a pas d’électricité à la surface. Il y a simplement deux rails, comme dans une prise électrique traditionnelle. Le courant se trouve dans un système situé cinq ou six centimètres en profondeur. En cas d’inondation avec de l’eau de mer, le niveau d’électricité à la surface ne s’élève qu’à un volt. Vous pouvez marcher là-dessus pieds nus », explique Hans Säll, responsable du projet et président du consortium eRoadArlanda.
La route électrique expérimentée pendant 2 ans
Le système eRoadArlanda a été déployé sur une portion de bitume, qui relie la zone logistique de Rosersberg et l’aéroport de Stockholm-Arlanda.
Longue de deux kilomètres seulement, cette portion d’autoroute doit servir de zone d’expérimentation durant les deux prochaines années.
Pour l’instant, un seul véhicule est équipé du patin amovible nécessaire à l’utilisation de cette route électrique. Il s’agit d’un camion des services postaux suédois. Les concepteurs de l’eRoadArlanda vont ainsi observer le comportement de leur innovation en condition réelle d’utilisation, lorsque le camion de la PostNord relie son centre logistique et le terminal de fret de l’aéroport de Stockholm.
« Électrifier le transport routier permettrait de réduire les émissions polluantes de notre économie de 80 à 90%. L’eRoadArlanda constitue à ce titre une méthode intelligente et peu coûteuse pour combiner les avantages du rail avec la flexibilité des camions. Les coûts d’exploitation sont minimes en raison des réductions importantes de la consommation d’énergie découlant de l’utilisation de moteurs électriques. De plus, l’électricité est également une source d’énergie plus propre, plus silencieuse et moins chère que le diesel », explique
Vers une mise en œuvre dans toute la Suède ?
La Suède a de grandes ambitions en matière de politique environnementale et de lutte contre le réchauffement climatique.
Le gouvernement s’est en effet engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 70 à 80% d’ici les 10 prochaines années. Mieux, la Suède ambitionne de veut devenir un des premiers pays développés à bannir complètement les énergies fossiles de son mix énergétique.
Si l’expérimentation de l’eRoadArlanda se révèle être un succès, le gouvernement envisage de déployer cette technologie sur d’autres parties du réseau routier du pays.
Pour les concepteurs de cette route électrique, un tel déploiement sur les 20.000 kilomètres qui constituent le réseau suédois coûterait près de 7,6 milliards d’euros.
Une somme amortie en moins de trois ans, notamment grâce aux économies annuelles réalisées avec l’abandon des énergies fossiles.
« Sur de très longues distances, l’électricité est supérieure aux technologies actuelles (des véhicules à moteur à combustion). Si le système eRoadArlanda devait être mis en œuvre en Europe, il serait possible de se rendre du Cap Nord, dans le nord de la Norvège, à Malaga, dans le sud de l’Espagne, sans s’arrêter pour faire le plein ».
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