La place financière suisse investit toujours trop dans les énergies fossiles
La place financière suisse « investit toujours trop dans la production de pétrole et de charbon », même si des progrès ont été faits pour placer l’argent dans des domaines plus favorables au climat, souligne un rapport officiel publié lundi.
« Dans l’ensemble, la place financière suisse investit aujourd’hui quatre fois plus de moyens dans des entreprises produisant de l’électricité à partir de sources fossiles comme le charbon ou le gaz que dans celles en produisant à partir de sources renouvelables », souligne ce rapport établi conjointement par l’Office fédéral de l’environnement et le Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales. C’est le deuxième de son genre après un premier exercice similaire mené en 2017.
L’ensemble des acteurs du marché financier suisse ont fait analyser, sur une base volontaire, la compatibilité climatique de leurs portefeuilles et « il en ressort que des progrès ont été réalisés, mais que l’objectif n’est toujours pas atteint si la Suisse souhaite jouer un rôle de premier plan dans le domaine des flux financiers durables », souligne le document.
« Quelque 80% des participants détiennent dans leurs portefeuilles des titres d’entreprises extractrices de charbon. En moyenne, la place financière suisse soutient ainsi une expansion supplémentaire de la production internationale de charbon et de pétrole, ce qui va à l’encontre de l’objectif climatique », précise le rapport.
Au total, 179 établissements financiers ont pris part à cette étude, parmi lesquels « pour la première fois des banques et des institutions de gestion d’actifs ». Le ministère note que ce test a attiré deux fois plus de participants que celui de 2017 auquel seules les caisses de pension et les assurances avaient pu prendre part.
Malgré ces résultats mitigés en termes de bilan carbone, le rapport note que la moitié des établissements ayant participé aux deux tests ont déclaré « avoir pris des mesures en faveur du climat sur la base du premier test et obtiennent en moyenne de meilleurs résultats que leurs concurrents dans le cadre du deuxième test ».
Le rapport appelle à plus de mesures concrètes, estimant par exemple que « les détenteurs de portefeuilles immobiliers peuvent avoir une influence majeure sur la réduction directe des émissions ».
Il indique que les caisses de retraite prévoient actuellement de passer des combustibles fossiles à des systèmes de chauffage basés sur les énergies renouvelables dans 30% de leurs bâtiments. « En revanche, les autres acteurs du secteur financier ont fait état de telles mesures seulement dans 1 à 2% de leurs biens », note le rapport.