Télétravail : la sous-occupation des bâtiments n’est pas synonyme d’économies d’énergie !

Par Cyril Sailly, fondateur d’Advizeo

En 2020, les gestionnaires de bâtiments ont dû faire face à des situations imprévisibles liées aux confinements et déconfinements successifs ainsi qu’au développement massif et rapide du télétravail.

D’après Malakoff Humanis, le nombre de télétravailleurs a atteint 41% des salariés durant la crise sanitaire[1] . Selon Natixis, cette démocratisation du télétravail augmenterait de 400 000 m² la vacance de bureaux en région Île-de-France d’ici la fin de l’année[2] . Cette situation a généré une complexité inédite dans la gestion énergétique des bâtiments d’entreprises et collectivités.

Un an après le début de la crise sanitaire, quel bilan dresser des actions menées au sein des organisations pour répondre à ces nouveaux défis ?

1er confinement : des économies pas si évidentes

 Lors du premier confinement, alors que l’ensemble des bâtiments de bureaux étaient vides, beaucoup s’attendaient à une baisse significative de la consommation énergétique.

Dans la pratique, si les consommations liées à l’éclairage et à la bureautique chutent drastiquement lorsqu’un bâtiment est inoccupé, celles liées au chauffage ou à la climatisation peuvent augmenter si aucune action n’est réalisée.

Mettre en place des actions pertinentes et efficaces, comme moduler le fonctionnement ou mettre à l’arrêt les systèmes de chauffage, de climatisation ou encore de ventilation tout en respectant les exigences sanitaires et en s’adaptant à l’occupation réelle des locaux a permis de réaliser, dans certains bâtiments, jusqu’à 50% d’économie d’énergie. Lorsque ces actions n’ont pas été pas mises en œuvre, les économies d’énergie étaient bien moindres, de l’ordre de 20%.

Sous-occupation des bâtiments : des économies possibles avec une bonne coordination

 Déjà avant la crise sanitaire, le taux d’occupation moyen des postes selon Deloitte, était compris entre 50 et 70% du temps, du fait des RTT, congés et déplacements[3] . Avec la démocratisation « imposée » du télétravail, la sous-occupation des bâtiments est devenue la norme. Et sous-occupation des bâtiments ne veut pas forcément dire économies d’énergie ! En effet, la plupart des bâtiments n’ont pas été conçus pour cet usage.

Dans les grands bâtiments, des équipements spécifiques peuvent être déployés pour faire des analyses plus fines et mieux tenir compte des variations d’occupation afin d’ajuster les consommations.

Par exemple, dans l’immeuble Central Seine à Paris, siège du groupe setec, les ventilo-convecteurs ont été programmés en mode stand-by, permettant à l’occupant d’activer le traitement de l’air manuellement en cas de présence. Cette action simple permet de réaliser 7% d’économies d’énergie.

Lorsque c’est possible, tout en respectant les règles de distanciation sociale, la rationalisation des espaces sur le modèle du flex office peut être envisagée. Par exemple, en regroupant les usagers sur un même plateau pour réduire les consommations liées à l’éclairage et au traitement de l’air. Cela nécessite une organisation et une coordination interne rigoureuse, avec à la clé des économies d’énergie significatives.

Capitaliser sur la sous-occupation des bâtiments afin de réaliser des économies d’énergie est donc possible mais cela nécessite de bien connaître le fonctionnement de son bâtiment et de mettre en place des actions pertinentes et coordonnées. Dans ces conditions, le management de l’énergie, couplé à du conseil, s’avère être essentiel aux organisations publiques et privées, pour identifier rapidement les gisements d’économies d’énergie, les dérives potentielles et mettre en place des actions efficaces.

Enfin, même si cela peut sembler être du bon sens, la sensibilisation des occupants sur leurs comportements n’est pas à négliger. Des actions simples, comme débrancher les équipements inutiles, éteindre les lumières ou rationnaliser les outils partagés permettent de faire baisser la facture énergétique et réduire l’empreinte environnementale des bâtiments.

A l’heure où le décret tertiaire et le plan de relance visent à accélérer la transition écologique, il est temps d’agir avec pragmatisme pour décarboner le secteur du bâtiment, premier consommateur d’énergie en France.

 

[1] Baromètre annuel Télétravail 2021 de Malakoff Humanis – Février 2021.

[2] Etude Natixis – Juillet 2020.

[3] Etude Deloitte – Juin 2020. 

 

*advizeo est une filiale du groupe d’ingénierie setec, née en 2015 d’une démarche d’intrapreneuriat. Elle propose des solutions innovantes et complètes de gestion de l’énergie pour les bâtiments. Spécialisée dans la conception d’offres clé-en-main avec un conseil personnalisé par des Energy Managers, une application complète et multi-mesures, elle s’adresse aux bâtiments existants pour améliorer leur performance énergétique. advizeo est implantée à Paris, Lyon et Vitrolles, compte 50 collaborateurs, plus de 100 clients et un important réseau de partenaires qui contribuent à faire bouger les lignes de l’efficacité énergétique. En 2019, advizeo a réalisé 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Tout peu se résumer à l’incompétence des propriétaires des lieux… il faut former ces adultes qui ne se soucient absolument pas des coûts énergétiques inutiles! Et là c’est très difficile de changer les habitudes des adultes, par contre former éduquer en énergie et MdE les enfants dans le système éducatif dès le plus jeune âge (en considérant ces disciplines comme fondamentales)… permettra d’envisager un futur énergétique soutenable!
    Il y a aussi les architectes qui ont leur part de responsabilité malgré les normes qui évoluent lentement… plus intéressés par le  »look » du bâtiment que par ses performances et contraintes de fonctionnement!

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