TGV : bilan environnemental en demi-teinte pour la Cour des Comptes
Dans son rapport public thématique rendu le 23 octobre 2014 intitulé « La grande vitesse, un modèle porté au-delà de sa pertinence », la Cour des Comptes met en question l’utilité du TGV, en termes d’intérêt général, au regard de son coût très élevé. Sur le plan environnemental et énergétique, la Cour relativise également le bilan carbone de la grande vitesse ferroviaire, pourtant présentée comme un mode de transport respectueux de l’environnement.
La Cour des Comptes a publié jeudi 23 octobre un rapport thématique dénonçant le coût très important de la grande vitesse ferroviaire française et son manque de pertinence. En partie du fait de son succès politique (qui a conduit au développement des circulations des TGV sur les lignes traditionnelles et à la multiplication des arrêts), la grande vitesse souffre d’un manque de rentabilité aggravé par la hausse du prix des péages ferroviaires.
Combiné à la suppression de l’écotaxe qui devait en partie contribuer au financement du rail, la Cour met en doute le financement des futures lignes décidées et préconise de donner la priorité aux dépenses d’entretien du réseau existant plutôt qu’à son développement.
Sur le plan environnemental, la Cour appelle à relativiser le bilan carbone des trains à grande vitesse, du fait de plusieurs éléments. Dans un premier temps elle rappelle l’impact sur l’environnement de la construction des lignes à grande vitesse (LGV), tant sur le plan de l’artificialisation des sols que sur le plan des émissions de gaz à effet de serre nécessaires aux travaux de construction des voies. Ainsi, les émissions totales de la LGV Rhin-Rhône sont estimées à 1,9 MteqCO2, dont 43% proviennent de la seule construction de la ligne et de ses équipements connexes (gares notamment).
Par ailleurs, l’argument selon lequel le TGV serait vertueux car fonctionnant à l’électricité doit lui aussi être relativisé. En effet, les bons résultats en termes d’émission de CO2 par passager du TGV doivent être nuancés selon le taux d’occupation des rames (qui peuvent être inférieurs à 10% pour certaines extrémités de lignes) et la provenance de l’électricité utilisée. La SNCF s’approvisionne souvent en électricité venue de l’étranger (sur le marche de gros), où la production est beaucoup plus carbonée qu’en France.
Au final, lorsque sont mis en balance les investissements nécessaires à la construction des lignes (30 millions d’euros du kilomètre, selon le PDG de la SNCF Guillaume Pépy) et les économies d’émissions de CO2 permises par le train à grande vitesse, les projets apparaissent comme peu efficients pour l’environnement. Le coût public de la tonne de CO2 évitée grâce au TGV est très élevé, et le ferroviaire ne participe finalement que peu à la lutte contre le réchauffement climatique.
A la suite de ce rapport, la SNCF envisage différentes mesures telles que l’augmentation du prix du billet ou la suppression du wagon-bar dans les TGV pour accroître la rentabilité de ses trains.
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COMMENTAIRES
Bon article, mais vous oublié un facteur considérable qui change tout. RFF surestime de manière systématique le nombre de passagers. C’est ce que dit la Cour des Comptes et que nous démontrons l’ors de l’EUP. C’est facile après de dire que le bilan est plutôt favorable. Pour Bordeaux Toulouse c’est de l’orde de 50%!!! A ce niveau cela n’est plus du tout favorable.