TotalEnergies: des actionnaires remontent au créneau et critiquent la stratégie climatique du groupe

Une coalition d’investisseurs menée par l’organisation d’activisme actionnarial Follow This compte déposer une résolution consultative à l’assemblée générale des actionnaires du groupe TotalEnergies pour qu’il « aligne ses objectifs de réduction » des émissions de gaz à effet de serre sur l’accord de Paris pour 2030, a-t-elle annoncé jeudi.

« L’objectif d’intensité actuel de l’entreprise » pour 2030 « ne conduira pas à des réductions (nettes) à grande échelle des émissions » de toute la chaîne de valeur de l’entreprise (scope 3, dans la comptabilité carbone), la mesure la plus complète, écrit la coalition dans sa résolution.

« Il est dans l’intérêt de l’entreprise de saisir les opportunités offertes par la transition énergétique », affirment aussi ces 17 investisseurs, qui gèrent ensemble 1.100 milliards de dollars (1.007 milliards d’euros) et détiennent 1,5% de l’entreprise. Parmi eux se trouvent La Banque Postale AM, Edmond de Rothschild AM, La Financière de l’Echiquier, Mandarine Gestion ou encore Sycomore AM.

A l’occasion de l’assemblée générale du 26 mai, ils vont demander au groupe « d’aligner ses objectifs de réduction existants pour 2030 » avec ceux de l’accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique en dessous de deux degrés et si possible à 1,5°C par rapport à la période 1850-1900.

Follow This avait déjà été à l’origine de la première résolution climatique contraignante pour l’entreprise, déposée en 2020 à l’AG de TotalEnergies. Elle avait recueilli 17% d’approbation.

En 2022, TotalEnergies avait refusé qu’une résolution contraignante similaire soit soumise au vote. D’où le dépôt cette année d’une résolution consultative, « qui n’engage dès lors pas la société ni son conseil d’administration », rappelle la coalition.

Le conseil d’administration de l’entreprise se prononcera le 26 avril sur les résolutions soumises par les actionnaires, a fait savoir TotalEnergies à l’AFP. Elle soumettra aussi, comme lors des deux dernières années, son rapport sur le développement durable et la transition énergétique à un vote consultatif lors de son AG.

En mars, TotalEnergies avait annoncé le renforcement de ses objectifs à court terme de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre liées aux produits pétroliers, mais sur l’ensemble du groupe « l’objectif des émissions carbone en 2030 reste supérieur aux émissions de 2022 », indique à l’AFP Bertille Knuckey, gérante de Sycomore AM.

Parmi ses dépenses d’investissement d’ici 2030, TotalEnergies prévoit « un tiers dans les énergies bas carbone, environ 30% dédiés au développement de nouveaux projets pétrole et gaz, le reste étant consacré à la maintenance du portefeuille hydrocarbures », selon l’entreprise.

« La stratégie est de croître dans le gaz naturel, une ambition affirmée qui n’est pas compatible » avec les engagements climatiques de l’entreprise d’ici 2050, selon Mme Knuckey. Face à l’urgence climatique « de plus en plus pressante », « il n’est pas possible de ne pas interpeller TotalEnergies sur les conséquences de sa stratégie », estime-t-elle.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Ce serait bien que Totalénergies se remette à songer au Nucléaire !

    Du temps de De Margerie, ce fut un peu le cas… Sachant que De Margerie voyait un « plateau » de production de pétrole autour de 100 millions de barils et ne se cachait pas pour dire que le pétrole aurait une fin, qui plus est rapide si il était utilisé pour des usages déraisonnables…
    Le Chauffage au Fioul, dont l’installation de nouvelles chaudières pour particulier est interdite dorénavant, fait partie de manière générale (il y a des exceptions en certains lieux) des usages aberrants du pétrole en France… Un plan pour accélérer réellement le ferraillage de ces chaudières serait bienvenu…
    Beaucoup de mobilité du quotidien, via de petits véhicules électriques, peuvent amener une baisse drastique de consommation et de facto garder du pétrole plus longtemps pour d’autres usages dont certains transports longs qu’il sera difficile de décarboner… Idem sur les Vols intérieurs en France, où le train et certains types de Cars peuvent prendre allègrement le relai…

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  • Vous pouvez ajouter le fret ferroviaire, qui, à part de belles déclarations non suivies du moindre effet, pourrait se substituer, la plupart du temps sur des lignes électrifiées, aux cohortes de camions que l’on voit sur nos autoroutes !

    Répondre
    • @Brun,

      Pour le fret ferroviaire, vous avez bien raison.
      Le problème est que la SNCF Fret a fait l’objet du regroupement des « boulets » de l’entreprise dans le secteur Fret à une certaine époque pour garder la partie « transport passager » plus efficiente… Les grèves des années 80-90 à la SNCF ont démoli le Fret ferroviaire, qui fait peur à beaucoup d’entreprises… Pourtant il fut particulièrement efficace au début jusqu’au années 70 au XXème siècle… Les grands dépôts ferroviaires qui disparaissent autour des grandes gares parisiennes le rappellent et le rappelaient il y a quelques années…
      Avec la concurrence, il serait en effet bien que des opérateurs privés plus nombreux (il y en a déjà quelques-uns apparaissent) se développent… De nouvelles plateformes Rail-route ont été mises en place en province mais ne sont pas beaucoup utilisés…
      Faudrait-il une Taxe Carbone sur le transport routier (sur certaines marchandises ce serait judicieux) pour favoriser le rail !? Le problème étant la mise en place avec potentiellement beaucoup de cas particuliers à traiter et surement des levers de boucliers des « routiers », qui y verront une sacré concurrence (et eux aussi ont un pouvoir de nuisance en cas de grèves assez phénoménale)…

      Avec le développement des VE, des trains-navettes comme sur le modèle du Shuttle du Tunnel sous la manche serait souhaitable entre certaines grosses agglomérations (surtout Paris) et des villes de Province…
      De plus les nouvelles lignes TGV ont libéré beaucoup de places sur certaines lignes pour faire du transport…

      Si le transport ferroviaire faisait l’objet d’obtention de « crédit carbone’ massif alors il pourrait se développer plus rapidement et si la « taille critique » arrive alors ce serait rentable surtout avec le développement des « métropoles françaises » partout sur le territoire qui concentrent la population donc diverses consommations…

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