Transition énergétique : la Côte d’Ivoire à pas de géant

« La Côte d’Ivoire est en marche vers un développement durable », affirment haut et fort gouvernement et industriels ivoiriens. Le pays, en effet, compte parmi les plus ambitieux de la région en la matière.

Anne Désirée Ouloto, ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable de Côte d’Ivoire, a récemment fait le point sur la participation de son pays à la COP22 et les préparatifs pour la COP23, prévue en Allemagne en novembre prochain. Et les chiffres sont éloquents.

La Côte d’Ivoire s’est en effet engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % à l’horizon 2030. Pour ce faire, elle souhaite porter à 16 % la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique, tout en promouvant une agriculture intelligente et respectueuse. Le pays mise également sur une économie circulaire, basée sur la réutilisation des produits après consommation et la réduction des déchets.

« La Côte d’Ivoire a décidé, on le sait, de mobiliser tous les moyens nécessaires pour assurer sa transition énergétique, pour développer de façon durable son agriculture et pour intégrer ses déchets dans une économie circulaire », s’est félicitée Anne Désirée Ouloto.

Et les faits lui donnent la raison. En matière énergétique, le pays souhaite amplifier sa capacité tout en se tournant de plus en plus vers les énergies renouvelables. Lancé en 2011, un programme de renforcement du parc électrique devrait lui permettre de passer d’une puissance installée de 2 000 mégawatts (MW) à 4 000 MW à l’horizon 2020.

La Côte d’Ivoire table en effet sur le renouvelable pour réduire la part du thermique (charbon, gaz, pétrole), qui représente encore 80 % du parc actuel. Le gouvernement se propose de réduire la part des énergies fossiles à 66 % d’ici à 2020 et d’augmenter à 34 % la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité.

« Le premier marché énergétique de l’Afrique subsaharienne »

Comment va-t-elle y arriver ? D’après les données du ministère de l’Energie, cité par Jeune Afrique, le pays a investi 7 000 milliards de F CFA (environ 10 milliards d’euros) dans le secteur. Alors qu’elle exporte déjà de l’électricité au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Benin, la Côte d’Ivoire devrait prochainement étendre ses exportations vers la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia.

Dans ce contexte, la construction de la centrale à biomasse de palmier dans la région d’Aboisso (sud-est du pays) est particulièrement représentative. Avec une puissance installée de 66 MW, elle devrait entrer en service au premier semestre 2019.

Une centrale de biogaz d’une capacité de 8,5 MW est également prévue à Abidjan en 2019, ainsi que deux centrales solaires, l’une d’une puissance de 20 MW à Korhogo et l’autre de 50 MW dans la région du Poro (nord).

Ainsi, comme l’affirme Anne Désirée Ouloto, « l’engagement pour la transition énergétique est une réalité ». Il découle tout naturellement de l’ambition du président de la République et du gouvernement de faire de la Côte d’Ivoire « le premier marché énergétique de l’Afrique subsaharienne à l’horizon 2030 ».

Pour cela, aucun chantier n’est négligé. Le pays a plusieurs fois manifesté sa volonté de construire des bâtiments écoresponsables, en les adaptant aux spécificités locales. L’utilisation de matériaux locaux devrait en effet permettre à la Côte d’Ivoire de réduire sa consommation d’énergie tout en bénéficiant du flux solaire et de l’air pour les ventiler.

Des tarifs abordables pour les plus modestes

Pour atteindre ces objectifs, les Ivoiriens peuvent notamment compter sur Alassane Ouattara, un homme qui connaît bien le secteur électrique du pays. A partir de 1990, l’actuel président ivoirien a mené la réforme ayant permis de séparer l’exploitation des infrastructures, confiée à un professionnel privé, de la gestion du patrimoine, qui reste une responsabilité de l’État.

Résultat : la puissance est passée d’un peu moins de 1 000 MW à l’époque à 2 275 MW en 2017, grâce notamment à l’entrée en production de l’ensemble des turbines du barrage de Soubré.

Impressionnants du point de vue technique, ces progrès ont surtout permis de maintenir les tarifs à des niveaux abordables pour les consommateurs les plus modestes. Ces derniers devraient bénéficier de nouvelles baisses dans la mesure où la part des énergies renouvelables continuera d’augmenter.

Soit très rapidement. Car les projets se développent plus vite que prévu. Après l’achèvement de la construction du barrage hydroélectrique de Soubré, l’entreprise chinoise Sinohydro pourrait s’engager dans l’édification de trois nouvelles centrales hydroélectriques. Les centrales de Gribo Popoli (112 MW), de Louga (280 MW) et de Boutoubre (156 MW) pourraient être concernées.

Une chose est sure : dans sa marche vers l’émergence, la Côte d’Ivoire devra s’appuyer sur son enthousiasme d’un côté et sur son énergie de l’autre. Or cette dernière sera, selon toute vraisemblance, renouvelable.

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