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Tricastin : un arrêt provisoire nécessaire ?

La centrale nucléaire du Tricastin est provisoirement à l’arrêt depuis le 28 septembre 2017, après une demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Le gendarme du nucléaire estime qu’une partie de la digue en amont du site doit être renforcée afin de prévenir tout risque en cas de tremblement de terre. Alors que les travaux de renforcement ont commencé dès le lundi 9 octobre, EDF a tout de même fait savoir qu’il ne partageait pas son analyse.  

Quel est le degré de sûreté des centrales nucléaires françaises ? Cette question taraude tous les acteurs du nucléaire dont l’incontournable Autorité de Sûreté Nucléaire. L’accident de Fukushima (Japon), en 2011, a été à l’origine de vastes études afin de notamment prendre mieux en compte le scénario tremblement de terre-inondation de la centrale. C’est justement pour répondre à cette problématique, que l’ASN a officiellement demandé à EDF, le 27 septembre 2017, de procéder à un arrêt provisoire des quatre réacteurs de la centrale du Tricastin afin d’y réaliser de nouveaux travaux de sûreté.

L’ASN souhaite qu’une partie de la digue du canal de Donzère-Mondragon soit renforcée dans les délais les plus brefs afin de faire face à un « Séisme Majoré de sécurité » (SMS), c’est-à-dire un séisme hypothétique d’une énergie cinq fois supérieure à celle du « Séisme maximal historiquement vraisemblable » (SMHV). Le SMHV, quant à lui, est le niveau de séisme déterminé par analyse sismo-tectonique des séismes historiquement connus sur une période d’environ mille ans pour lequel les tests ont prouvé que la résistance de la digue était démontrée.

l’ASN juge que la robustesse au SMS d’une partie de la digue longue de 400 mètres n’est pas démontrée…

Un arrêt, mais un site de Tricastin bien maîtrisé

EDF n’a pas tardé à répondre aux inquiétudes de l’ASN. Si l’exploitant de la centrale du Tricastin affirme explicitement que tous les travaux demandés par l’ASN seront réalisés dans de brefs délais et que les quatre réacteurs seront mis provisoirement à l’arrêt, EDF souligne qu’il ne fait pas siennes les conclusions de l’ASN. Dans son communiqué de 28 septembre, le groupe fait savoir qu’ « en tant qu’exploitant responsable de la sûreté de ses installations, [EDF] ne partage pas la nécessité d’arrêter les quatre réacteurs pendant la durée des travaux. Néanmoins, EDF mettra en œuvre la décision de l’ASN dans les meilleurs délais ». Même si la prise de distance semble visible, l’énergéticien respecte l’Autorité dont les avis gouvernent la météo du nucléaire en France.

EDF a annoncé un plan d’action en deux étapes : l’installation d’une « protection complémentaire au muret de protection périphérique existant ». En effet, plus de 2400 big bags sont acheminés depuis lundi 09 octobre afin de renforcer la digue qui longe le canal du Rhône. Ainsi, « EDF est convaincue que la sûreté des installations est garantie et considère que l’arrêt des réacteurs est injustifié ». Une position qui s’appuie également sur la seconde étape qui verra « sous un mois, des travaux de renforcement de la digue » qui permettra de « garantir sa tenue en situation de Séisme Majoré de Sécurité ». Le coût total des travaux est estimé à environ trois millions d’euros.

La différence de points de vue aussi explicitement exprimée est une première, mais il est vrai aussi que l’injonction de mettre à l’arrêt tous les réacteurs du site est très rare. La centrale de Tricastin avait déjà dû subir un arrêt provisoire et EDF a tenu à rassurer sur l’absence de danger d’une telle manœuvre grâce au professionnalisme de ses équipes. Un exploitant qui souhaite aussi rassurer quant à la qualité des travaux réalisés depuis 2011. Tous ont été validés par l’ASN et ce n’est qu’en raison d’investigations géotechniques complémentaires que la présence de sable a été détectée sous une partie de la digue. Un sable qui était absent lors des premières vérifications en 2013-2014.

La situation actuelle n’est donc pas la cause d’un manque de diligence de la part d’EDF, mais de phénomènes géologiques suivis de près par l’exploitant et de précautions particulièrement sévères de l’ASN. Les réacteurs devraient être prêts à reprendre du service à la fin du mois d’octobre, une fois l’ensemble des travaux sur la digue terminés. EDF a d’ores et déjà fait savoir que cet arrêt engendrerait une petite baisse de son objectif de production nucléaire pour l’année 2017 (385-392 TWh), mais confirme ses objectifs financiers pour 2017 et 2018.

© photo : EDF – COLIN Matthieu

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