Tricastin : objectif 10 ans de plus
C’est un vaste chantier qui a démarré dans les entrailles du réacteur n°1 à l’arrêt de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme).
Depuis le 1er juin, et ce pendant six mois, les équipes d’ingénieurs et de techniciens se relaient pour inspecter, analyser la cuve et améliorer le système de refroidissement de l’enceinte.
En service depuis 1980, le réacteur de 900 MW est ainsi le premier du parc français à être concerné par une quatrième visite décennale.
L’objectif pour l’exploitant EDF, alors que la fermeture de Fessenheim a été actée par le gouvernement, est simple : obtenir de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) le feu vert pour poursuivre son activité 10 années supplémentaires.
« Ce réexamen approfondi est obligatoire pour s’assurer de l’intégrité des matériels au-delà de 40 ans d’exploitation« , explique Cédrick Hausseguy, directeur de la centrale du Tricastin depuis le printemps.
« Le chantier représente un investissement de 250 millions d’euros. Il revêt une importance capitale pour l’entreprise car notre expérience servira aux autres centrales », précise Cédrick Hausseguy.
Inspection au millimètre
Techniquement, le chantier consiste à contrôler la solidité de la cuve et l’étanchéité de l’enceinte en béton qui bloque les produits radioactifs en cas de dispersion à l’extérieur lors d’un accident.
L’inspection se fait sous un matelas d’eau de plusieurs mètres, destiné à protéger les techniciens des rayonnements.
Et suite à la catastrophe de Fukushima au Japon (2011), EDF a ajouté des précautions et modifications, comme l’installation d’un récupérateur de corium sous le cœur du réacteur destiné à récupérer le combustible fondu en cas d’accident grave, ou encore des tours de refroidissement et d’alimentation électrique de secours flambants neuves à une centaine de mètres des quatre réacteurs que compte Tricastin.
Pour Etienne Dutheil, directeur de la production nucléaire d’EDF, « la révision et les modifications de ce réacteur lui permettront d’être au niveau de la sûreté d’une centrale neuve« .
Après cette première révision, une autre inspection partielle sera effectuée en 2023.
Après Tricastin, d’ici à 2031, l’ensemble des 32 réacteurs de 900 mégawatts dont la prolongation est envisagée devront passer leur quatrième visite décennale.
Un coût de 7 milliards intégré dans le programme de « Grand carénage » qui court jusqu’en 2025.
« Une opération rentable »
Selon Etienne Dutheil, le « programme représente un montant de l’ordre d’un centime par kilowatt-heure (KWh) sur la facture des clients et que, même en l’intégrant, le coût “cash” de production du nucléaire ne s’élève qu’à 32 centimes d’euro par KWh ». « Le grand carénage est une opération extrêmement rentable. Il n’y a pas de moyen de production pilotable aujourd’hui qui permette de produire l’électricité (à ce prix)« , souligne-t-il.
La centrale du Tricastin produit 25 térawatts-heure (TWh) d’électricité par an. Cela correspond à 6% de la production nucléaire hexagonale, soit à environ 50% des besoins énergétiques de la région Rhône-Alpes.