Trouver un équilibre entre les différentes énergies
Serge Lepeltier, ancien ministre de l’Écologie et du développement durable (2004-2005), est aujourd’hui président d’Équilibre des Énergies. Pour l’ancien maire de Bourges, un véritable mix énergétique doit s’imposer en France dans les prochaines décennies.
Quelle est la vocation de l’association d’Équilibre des Énergies ?
L’association est née il y a six ans, d’abord sur le thème de la construction, lorsque la réglementation thermique 2012 (RT 2012) a imposé à toutes les constructions neuves qu’elles deviennent « basse consommation », c’est-à-dire qu’elles consomment 50 kilowattheure d’énergie primaire par mètre carré et par an, en moyenne. Pour répondre à cette RT 2012, l’association, constituée des plus grands constructeurs français*, s’est dotée d’un comité de scientifiques ayant pour vocation de répondre aux questions posées. S’est depuis greffée la question de la mobilité, et par exemple, du développement des voitures électriques que je soutiens.
L’objectif de l’association est de s’inscrire dans la transition énergétique qui va dans le sens de la lutte contre le réchauffement climatique et donc dans celui de la réduction des gaz à effet de serre. Dans ce contexte, il me semble crucial d’établir un certain équilibre entre les différentes ressources énergétiques.
Il existe donc des déséquilibres ?
Oui sans aucun doute. Je suis clairement favorable à mix énergétique dans lequel les énergies fossiles seraient moins présentes et où la place des renouvelables serait plus importante. Le terme « équilibre » des énergies a initialement été choisi pour contrebalancer des règles préconisant l’utilisation d’une seule énergie plutôt que de plusieurs. Aujourd’hui, dans le secteur de la construction, je ne souhaite pas que l’on passe à l’inverse. Je souhaite ouvrir des solutions qui permettraient justement d’aller vers moins de gaz à effet de serre mais qui permettraient aussi au gaz de se développer dans le cadre de la biodiversité.
La loi sur la Transition énergétique va-t-elle assez loin selon vous ?
Oui, je considère que c’est une bonne loi. Nous avons travaillé à la fois avec le gouvernement et les parlementaires pour faire en sorte que l’objectif central de cette loi selon moi, à savoir la réduction à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, ne se fasse pas au détriment de l’environnent. Parce que le risque, au départ, était de vouloir aller trop vite en privilégiant le fioul ou le gaz, énergies fortement émettrices de CO2. Le débat parlementaire a permis, lors de l’examen de la loi par le Sénat, de spécifier que les 50 % restant devraient être couverts à hauteur de 40 % à partir d’énergies renouvelables et de 10 % seulement à partir d’énergies fossiles. Avec cette loi, la France s’est clairement engagée dans la voie de l’énergie décarbonée. Mais si cette loi va dans le bon sens, la question du calendrier reste néanmoins encore posée.
Le nucléaire doit-il garder un rôle majeur dans le mix énergétique tricolore ?
Le nucléaire français, le plus performant au monde, fait le job, comme on dit. Je ne regrette absolument pas l’ampleur qu’a pris la filière nucléaire française mais, pour l’avenir, on peut comprendre la volonté politique d’imposer un mix énergétique davantage tournée vers les renouvelables. Je ne suis pas anti-nucléaire, loin de là. Nos centrales nucléaires ont une certaine durée de vie et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) veille à ce qu’un niveau de sécurité indispensable soit maintenu. L’ASN remplit sa mission de façon indépendante et a un poids réel au niveau international. C’est à elle de dire si la durée de vie des centrales peut être prolongée et à quelles conditions.
A Bourges, ville dont vous avez été le maire jusqu’en 2014, qu’avez-vous fait pour améliorer le bilan carbone ?
Ma principale décision a été de changer entièrement le système de chauffage urbain qui fonctionnait grâce à du charbon importé d’Afrique du Sud. Nous sommes passés au bois. Au niveau des transports urbains, nous sommes passés des bus diesel aux bus au gaz naturel avec comme conséquence une baisse de 10 % des émissions de gaz à effet de serre et surtout une nette amélioration de la qualité de l’air. Enfin, la ville de Bourges a installé des pompes à chaleur dans les écoles et les équipements sportifs.
Vous soutenez Emmanuel Macron pour la présidentielle. A-t-il selon vous une vision claire en matière de politique énergétique ?
Je précise d’abord que je soutiens Emmanuel Macron car je veux sortir du clivage gauche-droite. En tant que ministre de l’Economie, il avançait sur des questions qui dépassaient ce clivage, qui selon moi, a vécu. Sur les questions énergétiques, c’est à lui de répondre, mais à mon sens, oui, c’est un candidat qui a conscience des défis qui nous attendent.
*Équilibre des énergies réunit à la fois des associations comme l’Union des maisons françaises, l’Union sociale pour l’habitat ou encore Famille de France, de très grandes entreprises comme Atlantic, Eiffage, Bouygues, Groupe Muller, Schneider, Véolia, EDF, mais aussi Volkswagen et Nissan.
Association Équilibres des énergies : www.equilibredesenergies.org
COMMENTAIRES
L’énergie verte est l’avenir ,laissons une terre produit opre à nos enfants.
très bon site,comprensible par tous.
Je m’abonne.