Une taxe carbone élevée pour lutter contre le changement climatique
C’est désormais un fait reconnu scientifiquement : l’activité humaine, fortement émettrice de gaz à effet de serre, influe sur la température de notre planète et modifie les climats. Depuis 1800, la teneur en CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 25% à cause des activités humaines telles que la combustion d’hydrocarbure ou la déforestation. Pour remédier à la hausse globale des températures, la communauté internationale s’est engagée à réduire les émissions anthropiques de dioxyde de carbone. La volonté des États et des acteurs économiques étant à géométrie variable, comme vient de le prouver le désistement des États-Unis à l’accord de Paris, il est aujourd’hui essentiel de mettre en place des outils contraignants pour couper efficacement ces émission de CO2. La tarification du carbone, qui consiste à faire payer ceux qui sont responsables des émissions polluantes, est un de ces outils. Un outil que la Coalition pour la tarification du carbone (CPLP) juge plus que jamais nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. À condition que cette tarification soit élevée. Explications.
Le prix actuel de la tonne de CO2 est insuffisant
La CPLC est une entité administrative internationale créée par la Banque mondiale à l’occasion du Sommet des Nations Unies sur le climat de 2014 et officiellement lancée en décembre 2015 lors de la COP21 de Paris. Cette « initiative volontaire » rassemble dirigeants de gouvernement, entreprises et sociétés civiles afin de soutenir et favoriser la mise en place de la tarification du carbone dans le monde entier.
Avec l’aide de la France et de la Banque mondiale, la CPLC lance en novembre 2016 une Commission de haut niveau sur les prix du carbone. Présidée par le prix Nobel Joseph Stiglitz et l’économiste Nicholas Stern, cette commission a pour objectif d’examiner les tarifs de la tonne de carbone capables de changer les comportements nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique et à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.
Le résultat de cette commission est sans appel : le prix de la tonne de CO2 est aujourd’hui largement insuffisant pour contenir l’élévation de la température de notre planète en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.
Quadrupler le prix de la tonne d’ici 2030
Pour la commission Stiglitz-Stern, le plus dur reste encore à faire en matière de réduction d’émissions polluantes. Selon les travaux des économistes, 87% des émissions de gaz à effets de serre ne sont aujourd’hui pas tarifées. En ce qui concerne les émissions payantes, elles dépassent rarement le montant de 10 dollars la tonne de CO2.
« Les trajectoires efficientes de tarification du carbone commencent par un fort signal-prix dans l’immédiat suivi d’un engagement crédible de maintenir les prix de long terme à un niveau suffisamment élevé pour produire le changement nécessaire », estiment les auteurs du rapport de la Commission. En d’autres termes, une tarification forte de la tonne de carbone est la condition sine-qua-none pour envoyer un signal clair aux ménages et aux entreprises.
Freiner la hausse des températures sans ralentir le développement économique mondial nécessite, selon eux, l’instauration d’un prix du carbone compris entre 40 et 80 dollars la tonne d’ici l’horizon 2020. Cette tarification devra ensuite réévaluée à la hausse pour les décennies suivantes : une fourchette de prix comprise entre 50 et 100 dollars d’ici 2030.
« Un prix explicite peut être mis en place sur les émissions de gaz à effet de serre par une taxe carbone ou un marché de quotas. La tarification du carbone peut également être mise en œuvre au moyen de prix notionnels intégrés dans des outils de financement, et des incitations pour les investissements et les comportements bas-carbone », explique la CPLC.
Une combinaison d’instruments de politique climatique
« Il faudra adapter les niveaux de prix du carbone à la situation et aux choix des pays en matière de politique publique. La tarification du carbone se justifie dans tous les pays, mais les pays à faible revenu, qui sont ceux qui auront du mal à protéger les populations vulnérables des effets négatifs, peuvent décider de commencer avec un prix plus bas, qu’ils relèveront progressivement par la suite », note Harald Winkler, professeur à l’Université du Cap, en Afrique du Sud, et membre de la Commission Stiglitz-Stern.
Les auteurs du rapport estiment cependant que la seule hausse des prix du CO2 ne suffira pas à entrainer les réductions d’émissions suffisantes pour atteindre l’objectif des 2°C. La tarification de la tonne de CO2 devra donc être accompagnée de la mise en place d’autres instruments politiques, visant, par exemple, à promouvoir l’efficacité énergétique, à favoriser le développement des énergies renouvelables ou à réduire les subventions aux combustibles fossiles.
La tarification explicite du carbone à travers l’instauration d’une taxe entraine par exemple une hausse des recettes fiscales que les pays devront utiliser pour leur transition énergétique : planification urbaine, développement de la production d’électricité renouvelable, amélioration des normes d’efficacité énergétique, investissement dans des infrastructures de transport, investissement dans les projets bas-carbone…
COMMENTAIRES
C »est effectivement un levier important pour éviter aux Grandes Entreprises de se défausser sur a taxe au lieu de faire des effort en responsabilité. Les labels sont des mécanismes trompeurs qui finalement ne favorisent pas les solutions pertinentes.
Nous avions déjà dénoncé cet aspect : https://www.build-green.fr/carbone-et-si-on-se-trompait-de-combat