Vers une meilleure cohabitation entre les éoliennes et les radars
Si les projets de parcs éoliens se multiplient en cette période de croissance des filières renouvelables, les éoliennes sont toutefois confrontées à un problème majeur qui entrave aujourd’hui leur développement. Un problème de cohabitation avec l’armée dont les radars sont parfois perturbées par les interférences causées par les éoliennes trop proches. Un risque d’incompatibilité qui jusqu’à présent bloquait sans exception tout projet envisagé sur les espaces aériens réservés à l’armée. Des restrictions croissantes imposées aux industriels de la filière éolienne que la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie tente aujourd’hui d’adoucir.
En effet, selon Ségolène Royal, qui a entamé cet été des négociations sur le sujet avec son homologue du ministère de la Défense, l’armée se serait engagée à étudier au cas par cas les projets de parcs éoliens pouvant empiéter sur les espaces aériens militaires et à ne plus interdire de façon systématique. « Le ministre de la Défense s’est personnellement engagé à ce qu’il n’y ait pas d’interdiction globale mais une évaluation projet par projet, domaine par domaine et lieu par lieu« , a déclaré Ségolène Royal.
Une concession qui paraissait indispensable pour qu’éolien et armée puissent cohabiter efficacement en France, et qui devrait soulager les professionnels de l’éolien dont plusieurs milliers de mégawatts de projets sont toujours bloqués pour des raisons d’interférences.
La réglementation en vigueur à l’heure actuelle interdit toute éolienne dans un rayon de 30 km autour d’un radar militaire et impose l’autorisation préalable de l’armée pour toute installation. Or, comme le souligne Sonia Lioret, déléguée générale du syndicat France Energie Eolienne (FEE), « au cours de l’été 2013, ce sont près de 2500 mégawatts (MW) de projets qui ont été retoqués du jour au lendemain par la Défense alors qu’ils avaient précédemment obtenu leur autorisation« . Des projets finalement considérés comme incompatibles avec la formation aux vols tactiques et à très basse altitude dispensées dans certains secteurs.
Comme aujourd’hui un potentiel de production éolienne évolué à plus de 8500 MW (projets en attente, zones trop proches des radars militaires et météorologiques) est bloqué, les perspectives de développement seraient donc considérables dans le cas d’une collaboration plus étroite entre les deux ministères.
Parallèlement et comptant sur une évolution de la réglementation, plusieurs industriels du secteur tels que Vestas, Onera ou Astrium ont pris les devants et tentent aujourd’hui de développer des nouvelles technologies de revêtements et de turbines minimisant les perturbations. Une nouvelle génération d’éoliennes antiradars que l’on devrait retrouver très prochainement au sein de l’Ensemble Eolien Catalan, qui sera la plus grande centrale éolienne de France. EDF Energies Nouvelles a en effet annoncé récemment la mise en place en 2015 des premiers modèles de turbines furtives développées par la société suédoise Vestas.
Le groupe Thales travaille quant à lui à la fois sur des solutions matérielles et logicielles pour permettre aux radars existants de masquer les éoliennes.
Crédits photo : Joe Hendricks