Chargé par la loi de surveiller l’équilibre offre/demande de l’électricité, RTE a publié le mercredi 10 septembre 2014 un bilan prévisionnel à l’horizon 2019 exprimant un risque potentiel de pénurie d’électricité en France dès l’hiver 2015. Une situation inédite visualisable sur cette infographie tirée du blog Science2 de Libération et qui permet de mieux comprendre les raisons d’un tel affaiblissement de notre réseau électrique.

Selon RTE donc, en cas d’hiver très froid, dont la probabilité est actuellement d’un sur dix, la France pourrait manquer de capacité de production d’électricité. Si celles-ci sont évaluées à l’excédent pour l’hiver 2014-2015 avec une marge de 2.900 MW de puissance installée, la situation pourrait vite se dégrader et conduire à des périodes ponctuelles de pénurie d’électricité. De 900 MW durant l’hiver 2014-2015, ce déficit augmenterait à plus de 2000 MW pour 2016-2017 avant de revenir à 800 MW en 2017-2018.

Un déficit évalué dans des conditions hivernales de pic de consommation quotidien estimé aux alentours de 19h et durant lequel le besoin en électricité augmente en corrélation avec la baisse des températures extérieurs. Dans ces circonstances, RTE estime en effet que chaque degré perdu peut nécessiter jusqu’à 2.400 MW de puissance supplémentaire.

Des prévisions inquiétantes qui pointent du doigt la perte répétée de capacités de production en France. Car cette pénurie envisagée se serait pas liée à une augmentation soudaine de la demande qui selon ces estimations, sera sensiblement là même en 2017 qu’en 2012, mais bel et bien à un affaiblissement des moyens de production créant ainsi un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande d’électricité.

Une baisse qui s’explique notamment par une perte de capacité de 8,6 GW du parc de production thermique liée à la fermeture de certaines centrales au fioul ou au charbon en raison de l’entrée en vigueur de règles européennes plus strictes sur la pollution atmosphérique. Mais également par la mise sous cocon de Cycles combinés gaz (CCG) actuellement non rentables au regard des tarifs extrêmement compétitifs du charbon et des énergies renouvelables subventionnées et qui font chuter les prix sur le marché de gros de l’électricité.

Enfin, la fermeture programmée pour 2016 de la centrale Fessenheim représentera une perte supplémentaire de 1.600 MW. Une puissance perdue qui ne sera compensée qu’en partie par l’ouverture du réacteur EPR de Flamanville mis en service en 2016 mais qui n’atteindra sa pleine capacité qu’au cours de l’année 2017.

Plusieurs solutions sont néanmoins envisageables selon le gestionnaire du réseau pour faire face à ces situations de crise. Remettre en marche les centrales à gaz, mettre aux normes des centrales thermiques ou mettre en place un système de primes et de rémunération incitant les gros consommateurs à « s’effacer » du réseau lors des pics de consommation… Autant de ressources mobilisables qui permettraient d’envisager les hivers à venir plus sereinement.