Washington à la COP23 pour défendre les énergies fossiles
La Maison Blanche organise lundi soir à la conférence climat de l’ONU à Bonn une réunion pour défendre « le rôle des énergies fossiles » dans la lutte contre le réchauffement climatique, une initiative critiquée par les défenseurs des énergies vertes réunis à la COP23.
« Des dirigeants d’entreprises et des responsables du gouvernement américain exposeront comment l’approche américaine », qui veut concilier « sécurité énergétique, développement économique et objectifs climatiques peut servir de modèle aux autres pays », explique lundi l’ambassade des Etats-Unis à Berlin.
« Tandis que le monde tente de réduire les émissions tout en promouvant la prospérité économique, les énergies fossiles continueront à jouer un rôle central dans le mix énergétique, » ajoute le communiqué. « Les Etats-Unis s’efforcent de continuer à travailler étroitement avec les autres (pays) pour les aider à accéder à des énergies fossiles plus propres et efficaces ».
Il s’agira d’expliquer « comment les (…) Etats-Unis peuvent aider des pays à atteindre leurs objectifs climatiques, y compris dans le cadre de l’accord de Paris » adopté fin 2015 contre le réchauffement, ajoute-t-elle.
George David Banks, assistant spécial du président Donald Trump pour l’environnement et l’énergie, et Francis Brooke, conseiller du vice-président Mike Pence, participeront à la conférence, au côté notamment de Barry Worthington, directeur de l’Association de l’Energie des Etats-Unis, et de dirigeants de sociétés énergétiques comme Peabody (1e compagnie charbonnière mondiale), Tellurian (gaz) ou NuScale Power (nucléaire).
L’événement se déroulera en marge des négociations de la COP23, dans la zone d’expositions.
L’initiative est d’ores et déjà critiquée au sein de ce forum, les émissions de gaz à effet de serre, à l’origine du réchauffement, étant liées pour 3/4 aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
Il se déroule le jour de la publication d’un rapport montrant une hausse en 2017 des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles, après trois ans de stabilité.
Donald Trump a annoncé le 1er juin sa décision de retirer son pays de l’accord de Paris — ce qui ne pourra être effectif qu’en novembre 2020.
Frank Bainimarama, le premier ministre de Fidji, président de la COP23, a accueilli fraîchement l’initiative américaine de lundi.
« Je ne veux pas me lancer dans un débat avec les Etats-Unis. Mais nous connaissons tous les effets du charbon, de son extraction et bien sûr de sa combustion, sur le climat », a-t-il déclaré dimanche à la presse à Bonn.
Les Etats-Unis « crachent à la figure des victimes du changement climatique », en faisant la promotion des énergies fossiles, a réagi l’ONG Les Amis de la Terre.
« Le charbon propre » ça n’existe pas, a dit Piers Forster, climatologue à l’université de Leeds: « Le charbon n’est pas propre, il est dangereux », a-t-il souligné dans une déclaration au Science Media Centre de Londres.